NOS RENCONTRES |
- Etti Hillesum
- Des différences qui nous rapprochent
- Eric Hage
- Père André Gourdet
- Louise Dallaire
- Gabriel Ringlet
- Philippe Dupriez
- Notre curé Tchuma et son parcours
- Pamela et Mike Breton
Espace-rencontre du 2 février 2020 avec Pamela et Mike Breton |
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Pamela et Mike Breton sont mariés depuis près de 54 ans. Tous les deux sont nés, baptisés, confirmés et mariés au sein de l'église anglicane.
Arrivés en Belgique, il y a 45 ans, ils sont à présent membres de notre petit groupe oecuménique, établi il y a de nombreuses années par Renée-Claire et Paul. Ils s'y trouvent bien, étant un mariage mixte et oecuménique – Pamela est Catholique, Mike Anglican et ça marche bien entre eux ! Ils ont voulu partager leur chemin personnel dans l'Eglise.
En 1975, après 9 ans de mariage et deux fils, ils arrivent en Belgique, via La Hulpe et les Papeteries Intermills. Au premier abord, ils s'aperçoivent qu'en Belgique, l'Eglise anglicane est peu connue.
Les anglicans ne sont ni catholiques, ni protestants. Ils représentent la « via media » créée par Elizabeth Ie, au 16ème siècle. Ce fut un premier "brexit" avant la lettre. Depuis lors, en Angleterre, les Catholiques ont été marginalisés et minoritaires, et cela jusqu'au 20 siècle. Pamela et Mike ont connu le temps où, à l'école, les Catholiques étaient même exclus de la prière du matin !
Aujourd'hui, on trouve des Anglicans partout là où sont passés les Britanniques. Cette Eglise est divisée en provinces indépendantes mais toujours sous l'autorité de l'Archevêque de Canterbury.
Depuis Léopold Ier qui était anglican et oncle de la Reine Victoria, les anglicans de Belgique ont toujours bénéficié d'une position favorable. Aujourd'hui, il existe trois paroisses anglicanes dans la région de Bruxelles : deux anglaises et une américaine.
L'Eglise Anglicane des Etats-Unis est « l'église épiscopale », c'est le cas de la paroisse "All Saints" ou "Eglise de tous les saints", fondée en 1979. Pamela et Mike y furent membres fondateurs. La petite église se trouve actuellement à Waterloo, à l'emplacement de l'ancienne église suédoise au rond-point du grand Carrefour en face de McDonald's.
Si vous assistez un jour à leur célébration du dimanche, vous serez étonnés de constater combien cela ressemble aux messes catholiques.
Les épiscopaliens partent du principe que « All may, some should, none must » - tout le monde peut, certains devraient, personne n'est obligé." Cette petite citation illustre bien la tolérance et le libéralisme des Anglicans.
Au niveau hiérarchique, l'Eglise anglicane est reconnue, comme les catholiques et les orthodoxes, dans la "succession apostolique", c'est-à-dire, la transmission, par les apôtres, de l'autorité et des pouvoirs reçus du Christ.
Tout allait bien au début du 20ème siècle avec le Cardinal Mercier et des papes conciliants comme Jean XXIII : l'oecuménisme avançait. Alors que les prêtres anglicans ont toujours pu se marier, cela ne représentait pas un obstacle. Mais dans les années '70, les américains ont ordonné des femmes prêtres, puis des femmes évêques. Plus tard, ce fut le cas aussi en Angleterre.
Cette situation a non seulement freiné l'oecuménisme, mais a créé des tensions au sein même de la Communion Anglicane par le monde.
A la fin de l'an 2000, Pamela s'est convertie à l'Eglise Catholique à l'âge de 58 ans – c'est vous dire combien de temps elle a mis avant de comprendre ce que le Seigneur voulait d'elle. Elle nous a raconté son cheminement, passant par le Yémen du Sud, puis le Soudan où l'évêque lui conféra le sacrement de la Confirmation. Elle était fascinée par le culte qui se déroulait dans une petite église orthodoxe du quartier.
Comme on l'a dit plus haut, en 1979, " All Saints" démarre. Ils y sont tous deux très engagés. Pamela était secrétaire de la paroisse, éditrice de la petite revue paroissiale. Elle assistait le prêtre à l'autel, en aube, et a même présidé des offices en l'absence du prêtre. Sa plus grande joie était – et est encore – de recevoir la communion à côté de son mari.
Mais, rien à faire. En 2000, sa vocation refait surface. Les prêtres lui disaient : «Tu peux recevoir la Communion chez nous, pourquoi changer ? " Et elle se disait : «Tu n'as rien contre l'église anglicane, elle a été toute ta vie – pourquoi changer ? " Elle en parle avec Mike – sa réaction était importante – elle ne voulait pas se distancer de lui. La réponse de Mike a été toute simple : «Ça fait des années que ça dure, il est grand temps que tu agisses !»
Les prêtres qui l'ont préparée – Alain de Maere, curé de La Hulpe à l'époque, et le Père Jean-Yves Quellec, Prieur de Clerlande – étaient plus prudents et lui ont conseillé une période d'essai. Un vendredi matin de fin décembre 2000, en l'église St Nicolas de La Hulpe, elle a été reçue dans l'église Catholique, entourée des paroissiens, mais aussi de ses amis Catholiques et Anglicans. Mike lui a dit : «Il est clair que tu es très heureuse, alors je suppose que c'est bien».
Leur couple "oecuménique" vit en commun l'enseignement des apôtres,la communion fraternelle et matrimoniale, la fraction du pain et la prière. Ils partagent tout grâce au rapprochement de nos églises.
Le fait d'être engagés, chacun dans son église respective, leur permet un échange continu de réflexions, questions, problèmes, et parfois critiques.
Ils sont un peu rebelles sur les bords ! Grâce à leur éducation et culture, ils n'acceptent pas toujours les traditions, vieilles habitudes, ou règles imposées. Mais ils cherchent toujours à approfondir leur foi.
Leur mariage marche comme tout mariage, sur base des mêmes critères : l'amour l'un pour l'autre – même après 54 ans de vie commune ! - le respect mutuel pour deux personnalités différentes et deux pratiques différentes, sans vouloir changer l'autre - et de la bonne volonté pour se soutenir et s'entraider.
Un extrait du livre de Ruth, dans l'Ancien Testament, exprime très bien leur philosophie de couple expatrié et oecuménique.
« Ne me presse pas de t'abandonner,
ni de retourner loin de toi ;
Car où tu iras j'irai,
Et où tu passeras la nuit je la passerai ;
Ton peuple sera mon peuple
Et ton dieu mon dieu ;
Où tu mourras je mourrai,
Et là je serai enterré.
Le Seigneur me fasse ainsi et plus encore
Si ce n'est pas la mort qui nous sépare ! » Ruth, 1 -16.
Résumé par Paul Spies
Notre curé Tchuma et son parcours |
Ce dernier dimanche de mai, Tchuma, curé de Saint-Pierre à Genval, nous a parlé de son parcours personnel et de sa fondation. Créée en 1998, cette fondation du centre de la République Démocratique du Congo ( Région de Boende, Bokongo, Ilombe et Ikombe ) est au service des paysans qu'ils soient chrétiens de toutes confessions, musulmans ou autres. Dans le social tout le monde travaille ensemble. Elle est engagée sur le terrain de la santé, de l'enseignement, de l'agriculture et de l'élevage. La découverte récente de l'existence de cette fondation a suscité beaucoup d'enthousiasme à Genval.
Espace-Rencontre
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Philippe Dupriez est un homme de terrain qui a pu rencontrer diverses communautés de confessions différentes. En particulier des orthodoxes avec qui nous avons la même eucharistie.
A la lumière des événements de Paris, il est encore plus urgent de revenir au Dieu de l'Evangile. Pas n'importe quelle carte d'identité de Dieu. Mais le Dieu dont parle Jean dans sa lettre quand il dit: "Si quelqu'un dit : 'J'aime Dieu' et qu'il n'aime pas son prochain, c'est un menteur."
L'autre n'a pas toujours le même avis que moi, mais c'est une personne avec qui je peux dialoguer en partant des points qui nous sont communs. Le mot grec oecumenè signifie "la famille unie sous le même toit".
Déjà, dans les premières communautés chrétiennes, Jacques et Paul n'avaient pas les mêmes vues et Pierre était celui qui allait à la rencontre des uns et des autres.
Plus tard, les Eglises se sont établies autour des 5 patriarcats:
Jérusalem,
Antioche (Syriaques et Maronites),
Rome (l'Occident),
Alexandrie (les Coptes) et
Constantinople (les Byzantins).
On s'acceptait avec les différences et parfois les divergences.
1054 : C'est le Grand schisme entre l'Orient et l'Occident pour des raisons souvent très politiques et sociologiques. Au niveau du Credo, on s'est focalisé sur le " Filioque": "Je crois en l'Esprit saint qui procède du Père et du Fils ". Alors que les orthodoxes disent: "qui procède du Père par le Fils ". Des querelles qui aujourd'hui nous font sourire.
Plus tard, c'est entre Constantinople et Moscou que les choses se sont grippées.
Enfin, c'est au 16e siècle qu'une autre fracture a poussé les Réformés et les Catholiques à s'entredéchirer.
L'oecuménisme ne date pas d'aujourd'hui. De tous temps, il y eut des gens éclairés pour appeler au dialogue. Mais ce qu'on appelle le mouvement oecuménique date des débuts du siècle dernier.
En 1910, les "Conversations de Malines" amorcent des rencontres entre Anglicans et Catholiques sous l'impulsion du cardinal Mercier, du vicomte d'Halifax, Charles Lindley et de l'abbé Portal.
En 1920, l'abbé Couturier, prêtre lyonnais, pionnier du rapprochement avec les Orthodoxes, lance la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.
En 1937, Le "Groupe des Dombes", groupe de dialogue oecuménique, réunit catholiques et protestants et permet de belles avancées sur des points de doctrine comme le baptême et l'eucharistie. Leurs travaux ont inspiré le concile Vatican II et le Conseil Œcuménique des Eglises.
En 1940, le Pasteur Roger Schütz fonde une communauté monastique à Taizé. Jusque là, le protestantisme n'accueillait pas de communauté monastique en son sein. Taizé va devenir une communauté oecuménique qui donnera la parole aux jeunes de tous pays et de toutes confessions.
En 1962, le pape Jean XXIII convoque le Concile Vatican II, un concile oecuménique où il invite des observateurs issus de toutes confessions chrétiennes. Là, nous prenons conscience que nous sommes l'Eglise de Jésus-Christ, mais que nous ne pouvons prétendre l'être à 100%.
Aujourd'hui, les querelles vieilles de plusieurs siècles ne sont plus ressenties de la même façon par nos contemporains. A une époque où l'opinion ne comprend plus les raisons de ces divisions et en a oublié l'histoire, leur maintien constitue une absurdité. Les pays du monde occidental jouissent de la liberté religieuse et les religions n'y sont plus des religions d'Etat que l'on impose sous peine de prison ou de mort.
Ce n'est malheureusement pas vrai partout. Exemples cités: Les pays où l'on impose la charia. Ou encore le Congo où un jeune qui se soumet aux rites d'initiation clanique est ensuite "excommunié" par les autorités religieuses de sa région.
Il reste que pour nous l'oecuménisme, c'est cultiver avant tout ce qui nous est commun entre confessions différentes. Et la Bible, avec le Nouveau-Testament en particulier, c'est notre livre de chevet commun. Dieu doit être content que des gens de tous horizons écoutent sa parole!
Résumé par Paul Spies
Note: Site renseigné: Société Biblique Francophone de Belgique
Rue de Tubize 123, 1440 Braine-le-Château
Espace-rencontre« En écoutant Gabriel Ringlet. » test Quelques étincelles prises au vol à propos du livre de G. Ringlet « Ceci est ton corps » |
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« Mon livre ‘ Ceci est ton corps ‘ : rendre hommage à une femme anonyme. Les gens dont on ne parle pas font parfois des choses immenses. » |
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« Je reçois un courrier quotidien, très vivant, qui raconte des histoires très, très fortes. Il fallait que ce livre soit écrit pour que quelqu'un, dans l'anonymat, ose prendre la parole. Un courrier bouleversant ! » |
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« Nous devons parler de la mort quand on est vivant et que tout va bien. Quand j'étais curé, j'emmenais les enfants, la veille de leur profession de foi. Je les emmenais à l'hôpital. Nous faisions le tour des chambres. Ils serraient la main des malades, leur offraient un dessin, une fleur,… Tenir la main d'une personne en fin de vie. Cela les a marqués jusque dans leur vie d'adultes. » |
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« Ceci est ton corps » : prière qui change le monde et lui donne un avenir, une éternité. » « Que représente l'Eucharistie quand on ne peut même plus avaler une tout petite poussière d'hostie. C'est le sommet de l'eucharistie, comme celle que Teilhard de Chardin a vécue : la messe sur le monde. » |
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« Il faut célébrer. Et ce n'est pas réservé aux chrétiens ! Allumer une bougie, écouter une musique … des gestes humains. Le sacré ne doit pas confisquer cette richesse. Célébrer, c'est quelque chose d'universel ! » |
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« Avec les soins palliatifs, un chemin intérieur est tracé : les personnes sont dans le dénuement affectif (on doit quitter les siens), charnel (on est totalement dépendant), géographique (Tournant formidable : on ne reverra plus son pays, sa maison…) et spirituel : dans son agonie, Jésus a douté : Mon Dieu, pourquoi ? Dieu a douté de Dieu. Nous avons le droit de douter. » |
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« Il y a des situations où on n'est que dans la douleur et où tout le reste, c'est du bavardage. « |
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« Nous avons besoin d'être mis au monde deux fois : quand nous arrivons et quand nous partons. » |
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« Chacun a besoin de la même délicatesse, la même attention, la même ‘mise au monde', la même inventivité. » |
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« Ceci est ton corps : Nous sommes faits du corps les uns des autres. |
Rencontre autour d'Etty HillesumAvec Pierre Ferrière sj et Isabelle Meeûs |
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Parcours saisissant que celui de cette jeune juive morte à Auschwitz à l'âge de 29 ans . Intellectuelle libérée, Etty est prise dans la toile nazie qui la rejoint et l'enserre. Elle ne semble cependant pas en être trop affectée. Si elle vit des soubresauts, c'est plutôt dans son affectivité et son corps qu'ils retentissent. Sujette à de fréquentes phases dépressives, elle s'astreint à une discipline de vie, elle découvre la bible, les évangiles, St Augustin. Elle se met à écrire et elle s'ouvre à la transcendance, à la prière. Loin de fuir le réel, elle se nourrit de l'histoire tragique de son peuple et veut partager le sort de celui-ci. Son journal se mue en un dialogue avec Dieu, une relation avec un Dieu mystérieux, faible, vulnérable Elle déblaie le puits de sa vie encombré de gravats et plutôt que d'y trouver un abîme sans fond, elle y rencontre Dieu.
Ne nous retrouvons-nous pas un peu dans son chaos, son expérience spirituelle, son chemin sans dogmes et sans église ? Que de questionnements ! Tout le problème de la foi a refait surface en moi, cette foi née d'un enseignement religieux fait de peurs, de commandements, d'images naïves, de dogmes abstraits, d'un Dieu infiniment bon, miséricordieux mais vengeur, omnipotent, comptable de nos bonnes et nos mauvaises actions, fait de paradis, d'enfer, de purgatoire, de confessions, de péchés classés en véniels et mortels, d'indulgences, … Une foi sans profondeur, sans réflexions, la foi du charbonnier, dans un Dieu monarque absolu, dans une église imposant des règles, des lois à respecter pour jouir du bonheur éternel.
C'est un autre Dieu que nous propose Etty. Un Dieu vulnérable, faible devant la souffrance. La souffrance, ce mal mystérieux qui ronge le monde et qui nous fait crier notre révolte vers Dieu. Comme le supplicié pendu à la croix qui s'écrie « Mon Dieu, mon Dieu, Pourquoi m'as-tu abandonné ? » Dans son puits de souffrances, parmi son peuple anéanti, Etty rencontre la présence de Dieu, elle prend contact avec cette présence pour se refaire des forces.
Par delà les gravats, il y a Dieu. Elle rencontre Dieu, Mais sa foi, quelle est-elle ? Elle a trouvé Dieu sans poser un acte de foi au départ, me semble-t-il. Cheminement différent du nôtre ! Aujourd'hui, bien de nos contemporains vivent leur quête de foi en dehors ou fort loin des enseignements des églises traditionnelles. Et si leur foi était plus sincère, plus forte, plus ancrée ? Je n'ai pas osé poser la question. De toute façon, y a-t-il une réponse ?
Que reste-t-il pour nous après ce contact avec les écrits d'Etty Hillesum ?
Je crois qu'elle nous ramène à l'essentiel et nous aide, par là, à vivre autrement notre quotidien. Il n'y a pas de demeure permanente ici-bas. Il faut nous libérer des biens terrestres et adopter une sobriété de vie, rapatrier en nous les forces qui nous appartiennent, ne pas se laisser interpeller par les conditions extérieures, les agressions externes, porter notre regard sur l'essentiel. Bien difficile dans le monde d'aujourd'hui mais quel bel objectif ! Attacher son char à une étoile…dessiner des chemins d'espérance.
Roger Yernaux
Des différences qui nous rapprochent ...Avec Martine & William REY |
Plutôt que de se rencontrer au cours d'une célébration pour l'unité des chrétiens, notre Equipe d'Animation avait souhaité un échange avec des chrétiens protestants de notre région.
Elle s'est adressée au Pasteur Marc DANDOY. Et c'est un couple qui a accepté de rencontrer notre communauté : Martine (catholique) et William REY son époux (protestant).
Après une Eucharistie célébrée ensemble, c'est à l'Espace Rencontre que Martine et William nous font part de leur cheminements humain et spirituel où chacun respecte l'autre dans sa culture religieuse propre. Ils nous parlent des réticences rencontrées tant du côté protestant que catholique. Ils nous parlent surtout du merveilleux enrichissement mutuel : le respect de la différence dans la diversité sans jamais gommer les difficultés, mais en les assumant. Ils vivent cela comme un don de Dieu.
Durant 15 ans, pour des raisons professionnelles, ils ont dû quitter la Belgique pour vivre en Hollande. Là, après bien des recherches, ils ont découvert une paroisse oecuménique où chrétiens catholiques et protestants partagent toutes les responsabilités paroissiales. Ce fut une grâce inouïe.
Nos échanges ont survolé l'histoire de l'Eglise, la Réforme et la séparation des chrétiens. Pourquoi tant de guerres et de rejets ? Elles sont dues principalement à des implications politiques. Quand on relit les Thèses de Luther, on se rend compte aujourd'hui que les choses décadentes de l'Eglise du 16 e siècle qui y sont dénoncées, ne sont plus vraiment d'actualité pour nous. Une tempête dans un verre d'eau !
Du point de vue institutionnel, il reste que la « succession apostolique » reconnue par Rome pour les Anglicans et les Orthodoxes (après bien des tergiversations !) ne l'est toujours pas pour les Protestants.
Mais après cinq siècles de cheminements séparés, catholiques et protestants ont, aujourd'hui, des cadeaux à s'offrir. Pensons à la place donnée à la Bible, la Parole de Dieu, chez nos frères protestants. Le Concile Vatican II a remis la Bible en pleine lumière chez les catholiques. Pensons aussi au « choral » français ou allemand et à tous ces compositeurs protestants : J-S. Bach, Goudimel, Schütz, Luther lui-même et bien d'autres. Quel beau cadeau que ces mélodies chorales et ces oeuvres d'orgue qui enrichissent nos célébrations hebdomadaires !
Des échanges se sont prolongés entre nos invités et un petit nombre et l'on s'est promis de garder contact.
Renée-Claire & Paul Spies
Espace-rencontre avec Eric HAGE, aumônier à l'hopital St Pierre d'Ottignies , le dimanche 23 avril 2006 |
ECOUTE DE LA PERSONNE EN SOUFFRANCE |
Devant une quarantaine de personnes, l'Abbé Eric Hage commence son exposé en relatant son parcours. De ses études chez les Jésuites à St Michel, en passant par prof, vicaire, curé, doyen, jusqu'au poste d'aumônier qu'il occupe depuis 6 ans, comme retraité, à la clinique d'Ottignies.
Sa foi de départ, héritage familial, a évolué. Il croit à l'action du St Esprit qui a fait mûrir sa vocation. Il prie plus qu'avant mais différemment. Sa prière est habitée par Dieu et par les personnes qu'il rencontre.
Il nous parle du « malade », cette personne qui souffre physiquement et moralement.
Cette souffrance morale naît du sentiment de fragilité et des inquiétudes que cela peut engendrer. Le malade hospitalisé fait beaucoup de deuils,
- deuil de sa santé, - de sa solidité, - de sa vie parfois. Eric Hage nous situe alors son rôle : l'aumônier de clinique est le confident du malade dans tout ce travail de deuil. Le prêtre aumônier d'hôpital est : |
oreille attentive, aimante, qui écoute : Le malade a besoin de plus d'écoute, de sérénité, de paix intérieure que d'encouragements et de conseils.
parole : Il ne faut pas aller au devant de ce que le malade craint, ni devancer la question.
Il faut avoir la bonne parole au bon moment. Le ton de la voix est important aussi.
présence : L'aumônier « écoute » et « parle » beaucoup dans le silence.
D'où l'importance du non verbal :
langage des yeux (sourire),
beauté des gestes (caresse de la joue)
« Merci d'être resté longtemps sans avoir rien dit «
décodeur de messages : Voir loin, au-delà des paroles et des attitudes du malade et de sa famille. Ne pas formuler des jugements hâtifs.
homme d'humilité qui peut se tromper, faire des erreurs. Il a un devoir de réserve vis-à-vis de la confidence du malade.
fidèle : L'aumônier prend un engagement à respecter quand il dit au malade qu'il revient s'il le désire.
homme de prière : A travers l'humanité de l'aumônier, le malade peut découvrir ce Dieu bon, plein de miséricorde. Se pencher avec humanité sur le malade donne de l'Eglise une image telle qu'il souhaiterait la voir plus souvent.
Concernant la distribution de la communion , Eric Hage souligne l'importance de ne jamais « instrumentaliser » le malade. Celui-ci doit être respecté. L'aumônier n'a pas le droit d'imposer la communion. Il la donne uniquement si cela rejoint le souhait exprimé du malade.
Quant au sacrement des malades , Eric Hage insiste sur la nécessité de prendre d'abord le temps de créer des liens, de « s'apprivoiser » quand c'est encore possible.
Il a l'habitude de ne pas forcer les choses. Il s'assure aussi de la présence de la famille auprès du malade. Il avoue prendre quelques latitudes par rapport à ce sacrement car il trouve qu'on y parle trop du « péché » au crépuscule d'une vie. Or, pour lui, ce n'est pas le « visa » pour passer auprès du Père, même si la parole affective de Dieu réalise vraiment ce qu'elle dit. Dieu n'a pas de rétroviseur pour nous juger. Il ne faut pas culpabiliser le malade selon lui, car on ne trouve pas de sentiment de culpabilité dans l'Evangile. Juste des paroles qui relèvent, comme dans l'évangile de la femme adultère : « va, ne pèche plus ». Pour lui, l'Evangile pourrait se résumer à cette phrase « viens et suis-moi…si tu veux ». Dans cette situation, il présente la personne comme quelqu'un qui offre sa vie.
Il touche ses yeux pour offrir à Dieu tous les regards d'émerveillement, de reconnaissance, de pardon, de tendresse qu'elle a eus dans sa vie.
Il touche son visage en offrant à Dieu toutes les paroles que le malade a formulées, surtout celles qui ont relevé, ressuscité.
Il touche ses oreilles pour le temps passé à écouter les autres.
Il touche ses mains et son front pour offrir à Dieu sa vie de travail, ses hobbies.
Il touche son coeur comme symbole de la tendresse et du pardon, pour tout le temps passé à aimer.
L'aumônier de clinique … Merci à Eric Hage pour son témoignage, |
Geneviève DUTRON.
Le milieu carcéral, vu par
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Devant une trentaine de paroissiens attentifs, le Père André Gourdet partage son expérience d'aumônier de prison depuis 14 ans à la maison d'arrêt de Forest. Le Père Gourdet nous précise ensuite le cadre dans lequel il évolue. |
Un aumônier de prison ;
- est envoyé par l'Evêque pour un travail pastoral et fait partie d'une équipe pastorale, constituée de laïcs hommes et femmes, de prêtres, de religieux.
- doit être agréé par le Ministère de la Justice (24 aumôniers à temps pleins apportent, aux yeux de l'administration, assistance morale et religieuse aux détenus.).
Le travail d'un aumônier en milieu carcéral se situe à différents niveaux :
- l'information d'abord.
A son arrivée en prison, le détenu doit faire face à l'angoisse causée par son isolement, les craintes concernant l'avenir de sa famille, de ses amis, de son travail. "Il faut être fort et entouré pour ne pas être cassé ".
L'aumônier informe le détenu de sa situation, de ce qui va lui arriver lors de ses passages en chambre du Conseil (libération, condamnation, renvoi aux Assises).
- la présence, ensuite
Le Père Gourdet possède la clef de chaque cellule et y rencontre les détenus.
L'aumônier est donc l'ami, qui les connaît ou ne les connaît pas (car les détenus ne disent pas tout ) mais qui vit avec eux pendant des mois ou des années. C'est une présence humaine importante car en prison, le détenu devient vite « un numéro » . L'aumônier est perçu comme quelqu'un d'extérieur qui tend la main mais ne juge pas ! Le Père Gourdet gardera sans doute longtemps le souvenir du « sourire » qu'il reçoit du détenu à sa sortie de cellule, en guise de merci et de reconnaissance.
- le confident. Recevoir les confidences et les récits parfois durs des détenus est un travail épuisant qu'il faut pouvoir encaisser ! A ce titre, il est tenu au secret professionnel absolu . Certaines personnes peuvent être dangereuses, manipulatrices car paumées, avec toute une histoire derrière elles. Elles n'ont pas toujours conscience du bien et du mal. |
- le célébrant.
Le Père Gourdet souligne l'intensité de la prière vécue lors des célébrations, dans ce milieu carcéral où les émotions sont exacerbées.
Il relève le moment du « Sanctus » : le Seigneur est là pour eux, au milieu d'eux..
Merci au Père Gourdet qui termine son exposé par cette réflexion :
« La prison constitue un monde à part, un mystère. Mystère du mal dans toute son horreur et toute la détresse qui y est liée. Mystère aussi de l'homme dans sa profondeur unique »
L'abbé Salvator clôture la rencontre par un moment de prière.
Geneviève Dutron
ESPACE-RENCONTREavecLouise DallaireA la découverte du peuple « Peul Woodabé ». |
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Le 7 décembre 2008.
Louise Dallaire est venue nous parler de sa rencontre avec le peuple Peul, rencontre au milieu du désert du Sahara, à partager leur vie au quotidien quelques semaines durant, abandonnant tout confort, toute certitude et découvrant des ressources intérieures inconnues.
Cette femme canadienne, enseignante à la retraite, a été invitée par un chef Peul, Sanda, à venir à la Cure Salée, la grande fête des nomades au Niger. Qu'a-t-elle vécu avec eux? La chaleur, le manque de nourriture et d'eau, la plus grande tempête de sable que les anciens aient vécue, et surtout la générosité de ses hôtes qui ne peuvent rien refuser à leur invitée (y compris la recherche d'une jeep pour qu'elle puisse rencontrer la famille de Sanda au milieu du désert) , qui ont veillé sur elle (sur sa sécurité quand elle est la seule femme blanche au milieu des nomades), leur immense patience (à tout moment de la journée). Ce peuple qui vit (ou qui survit) tant bien que mal a exclu tout esprit de compétition : seule la collaboration entre tous les membres du clan permet la survie du groupe.
Quel avenir pour ce peuple? La sédentarisation et l'éducation des enfants, les cultures dans le désert, une amélioration de leurs conditions de vie et de leur santé en particulier. Mais la traduction séculaire et millénaire restent très importantes pour eux et rend difficile cette évolution.
Qu'a appris Louise Dallaire lors de son séjour? Accepter ce qui est, vivre le moment présent, une minute à la fois (au milieu de la tempête de sable). La confiance totale : ce qui doit se faire se fera (quand les problèmes se sont accumulés pour son retour vers l'aéroport). La prise de conscience de sa propre impatience (la recherche de la famille de Sanda a duré une journée en jeep alors que Sanda marche généralement 6 à 7 jours pour les retrouver). A l'intérieur du rien, découverte du tout (au milieu du désert, découverte de toutes les richesses humaines). La communication avec ses cellules ("nous sommes arrivées toutes ensemble et repartiront toutes ensemble" quand la faim et la déshydratation menaçaient sa santé).
Dans son livre, elle écrit : « Qui est au courant qu'ils n'ont accès à aucun point d'eau ? Qu'ils boivent l'eau des mares stagnantes et insalubres ? Qu'ils ne savent ni lire, ni écrire ? Qu'ils n'ont aucune école pour leurs enfants ? Qu'ils doivent marcher pendant des jours pour aller vendre un animal au marché d'Abalak et rapporter quelques provisions pour nourrir la famille ? Qu'ils sont souvent malades et n'ont accès à aucun remède pour les soulager ? »
Qu'a-t-elle pu faire pour eux? Réunir de l'argent et leur creuser un puits afin qu'ils aient accès à de l'eau pure et en suffisance, en lieu et place de l'eau brune des marigots qui était leur seule source.
On peut se procurer son livre chez Louis de Ryckel 02/653 21 14.
Pascaline Vancutsem
Espace-Rencontre