Temps des convergences

Le temps des convergences.

Le temps est venu d'abandonner les confrontations pour favoriser les convergences entre nous.

Lieux prophétiques de notre époque.

Le "Divan Orchestra"

Cette fameuse formation musicale, le "Divan Orchestra", rassemble des musiciens de différents pays arabes et d'Israël. Il est constitué de 120 jeunes âgés de 11 à 28 ans,
Ces jeunes partagent la partition, le pupitre, le réfectoire, les chambrées, alors même que leurs pays se déchirent, s'affrontent, se nient, et que cette fracture les blesse au quotidien. Cet orchestre n'est pas seulement projet musical, c'est aussi un forum pour le dialogue et la réflexion sur le problème israélo-palestinien.
Le chef d'orchestre, Daniel Barenboïm, juif d'origine et le palestinien Edward Saïd en sont les fondateurs. Le Juif et l'Arabe, tout un symbole.
Cet orchestre est un instrument de compréhension entre les hommes. par le langage universel de la musique, une sorte d'utopie qui entretient le dialogue et fait tomber les barrières.

Pour en savoir plus

Angelo RONCALLI et l'oecuménisme

En 1925 Mgr Roncalli est consacré évêque et envoyé en Bulgarie comme visiteur apostolique.
Un jeune orthodoxe ayant manifesté le désir d'entrer dans un séminaire catholique, il l'en dissuade en ces termes :
« Les catholiques et les orthodoxes ne sont pas des ennemis, mais des frères.
Nous avons la même foi, nous participons aux mêmes sacrements et surtout à la même eucharistie. Quelques malentendus sur la constitution divine de l'Eglise de Jésus-Christ nous séparent. Ceux qui furent la cause de ces malentendus sont morts depuis des siècles. Laissons là les vieilles disputes et, chacun dans son camp, travaillons à rendre bons nos frères en leur offrant nos bons exemples. Vous apprendrez au séminaire de nombreuses choses, surtout l'amour de Jésus, l'esprit d'apostolat et de sacrifice. Plus tard, bien que partis sur des chemins différents, nous nous rencontrerons dans l'union des Eglises pour former tous ensemble la vraie et unique Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ. »

Cité dans « Jean XXIII devant l'histoire » sous la direction de G. Alberigo, Seuil, 1989, p. 19.

Lalibela

En Ethiopie, dans la région de Lalibela, se dresse un ensemble de constructions monolithiques remarquables, onze églises chrétiennes coptes du 12e siècle. Ces temples sont toujours actifs avec les mêmes prières, les mêmes chants. Ils sont classés comme patrimoine mondial par l'UNESCO. Voilà un christianisme, apparu au 4e siècle, et qui est toujours bien vivant. Soixante pour cent de la population pratique sa foi chrétienne dans sa forme orthodoxe avec beaucoup de tolérance pour un Islam présent à 30%. C'est un miracle pour notre époque.

Le "simultaneum"

Dans notre vieille Europe, il y a des églises où plusieurs confessions se partagent le culte.
A la cathédrale de La Rochelle, une partie de l'édifice est réservé au culte protestant, une autre au culte catholique.
L'église d'Hunawhir jouit de cette particularité propre à l'Alsace. Les cultes catholiques et protestants y sont célébrés à tour de rôle.
En 1649, un pasteur protestant introduisit à Olne (Province de Liège) le «  Simultaneum  », la messe catholique et le culte protestant se déroulant successivement dans la même église Saint-Sébastien. Et il existe bien d'autres exemples.

S'unir pour mieux servir

Aux Cliniques de l'UCL à Woluwé, à la clinique St-Pierre d'Ottignies, à l'Aéroport de Zaventem ainsi que dans les hôpitaux de Lyon, l'aumônerie est commune aux Réformés, aux Orthodoxes et aux Catholiques.
La valeur des personnes malades passe avant tout esprit de concurrence interconfessionnelle. Les gestes vécus prennent le pas sur tout débat théologique.

Belle initiative anglicane

On ignore généralement que l'Abbaye de Westminster a été l'objet de grands travaux de restauration lors des années '90.
Or, ceux-ci ont donné lieu à une initiative originale qu'a relevée l'abbé Maurice Cheza, théologien :
« Jusqu'alors, les dix niches dominant le portail ouest de l'abbaye étaient vides.
Le doyen et le chapitre de l'abbaye eurent l'idée d'y placer les statues de dix martyrs chrétiens du XXe siècle. Ceux-ci ont été choisis de la façon la plus large et la plus oecuménique qui soit. Sont représentés les pays suivants :
Pologne (Maximilien Kolbe),
Afrique du Sud,
Ouganda,
Russie,
Etats-Unis (Martin Luther King),
El Salvador (Oscar Romero),
Allemagne (Dietrich Bonhoeffer),
Pakistan,
Nouvelle-Guinée
et Chine.

Les statues ont été dévoilées le 9 juillet 1998 par l'archevêque de Canterbury, en présence de la reine Elizabeth II et du duc d'Edimbourg.
L'Eglise anglicane apparaît ainsi comme une Eglise-pont entre les canonisations catholiques et le rejet protestant du culte des saints. ».
Jamais il n'y eut tant de martyrs qu'au 20e et au 21e siècle. C'est le moment de nous souvenir de ceux et celles qui meurent chaque jour pour leur foi dans des régions du monde qui furent le berceau du christianisme,: la Syrie, l'Irak, la Turquie, l'Egypte ; c'est là aussi que tant de chrétiens sont jetés sur les routes de l'exil.


Petite histoire d'une paroisse pas très loin de chez nous….

Voici 400 ans, la commune d'Olne (entre Liège et Verviers) faisait partie d'un petit Etat limitrophe de puissants voisins comme la Principauté de Liège, les Provinces Unies et l'Empire d'Allemagne.
Dès le début de la Réforme, au 16e siècle, de petites communautés calvinistes vinrent s'y implanter.
En 1649, un pasteur protestant introduisit à Olne le «  Simultaneum  », la messe catholique et le culte protestant se déroulant successivement dans la même église St Sébastien.
L'Eglise romaine réagit et s'employa à contrer « l'influence pernicieuse de l'hérésie protestante ». Mais quelques temps plus tard, le calvinisme y devint la seule religion autorisée et pour les catholiques, ce fut la confiscation de la cure et l'expulsion du curé. Pourtant, les protestants y étaient peu nombreux, tout au plus 5% de la population !
En 1789, Olne devint française et ce fut au tour des protestants d'être expulsés.
Au fil du temps, catholiques et protestants apprirent à cohabiter. Les tensions s'apaisèrent au cours du 18e siècle. L'appartenance au même village transcenda les différences religieuses. Ainsi certaines charges publiques, réservées jusque là aux protestants, furent accessibles à des catholiques. L'usage des cloches, symbole du pouvoir religieux, fut permis également aux protestants

Avant la lettre, l'oecuménisme y faisait son apparition…

Paul Spies

Hunawhir : Une église partagée

Récit de Martine et William Rey.

Le guide l'indiquait, "petit village avec église fortifiée, peu fréquenté par les touristes".
Nous séjournions au bord de la Route des Vins à 30 kilomètres au Nord de Colmar et le "peu fréquenté par les touristes" nous paraissait une incitation à faire un petit crochet par là-bas. Nous avions passé quelques jours déjà parcourant nombre de haut-lieux et une journée plus tranquille nous séduisait. C'est de cette visite que je veux vous entretenir. Le matin nous montions la grand'rue de Riquewhir puis, après avoir salué les quelque deux cents cigognes du Centre de réinsertion, nous avons continué vers Hunawhir.

C'est cette Eglise d'Hunawhir qui est mon sujet dans ces quelques lignes. Elle se trouve sur un promontoire bordant le village escarpé mais, et c'est surtout cela qui nous a frappé, elle se trouve en pleine histoire du seizième siècle alsacien. La région fait alors partie du Saint Empire germanique et c'est l'âge d'or des cités alsaciennes. La remise en question de Luther en 1517 se propage comme une traînée de poudre au travers de toute l'Europe et l'Alsace devient majoritairement protestante. Il y a bien un petit problème pratique, les protestants n'ont pas de lieux de culte alors que les églises catholiques sont vides. La solution pragmatique est évidente, nombre d'églises catholiques passent au protestantisme de façon fort naturelle et probablement à la bonne franquette. Le village vinicole d'Hunawhir devient protestant en 1537, église comprise. On est seulement vingt ans après l'affichage des 95 thèses.

Toute cette population est devenue protestante et les grands propriétaires terriens voient cette "insurrection" d'un assez mauvais oeil. Le Seigneur catholique à Strasbourg voudrait bien mettre un peu d'ordre dans toute cette valetaille mais préfère transiger car il a besoin d'une main d'oeuvre qui lui fait du fort bon vin. Alors on discute, on se déteste et parfois on s'étripe bien un peu ; rien n'est politiquement correct. En fin de compte, l'Alsace n'a pas trop souffert des tensions religieuses. Il faut bien trouver un compromis et cela peut prendre beaucoup de temps, de grincements de dents et de mauvaises volontés. Cela a pris 150 ans et, en 1687, l'église d'Hunawhir devient partagée entre les deux communautés catholique et protestante. La messe suit le culte ou réciproquement. Parfois les deux services fusionnent ou ont lieu alternativement un dimanche sur deux.

C'est le "Simultaneum" qui se développe suite au traité de Westphalie par lequel l'Autriche cède au royaume de France une partie de l'Alsace, principalement le sud de la région et la noblesse française éprouvera au début des difficultés à asseoir son autorité sur le territoire alsacien. Le simultaneum est une réglementation instaurée par Louis XIV, qui permettait aux catholiques d'utiliser les églises protestantes : les catholiques et les protestants, luthériens ou réformés, utilisaient alternativement la même église, désormais appelée église simultanée ou mixte. Souvent présentée comme un modèle de tolérance, c'est une mesure de force à sens unique, imposée seulement dans les localités entièrement protestantes, afin d'y faciliter la pénétration catholique (avec mes remerciements à Wikipédia).

Donc, l'église d'Hunawhir jouit de cette particularité propre à l'Alsace. En y pénétrant, nous nous sommes immédiatement demandé si l'église était catholique ou protestante. Cet autel et ce crucifix sont évidemment catholiques, mais pourquoi ne pas les trouver au milieu du choeur? Cette croix et cette table dans ce choeur dépouillé sont manifestement protestants pourtant, elles aussi, elles sont bizarrement placées. Les bancs de l'assistance font également face aux deux appartenances et je peux très bien imaginer une célébration commune simultanée. Quel admirable oecuménisme au quotidien!

Hunawhir est un village superbe dominant une vallée de vignobles. Il faut absolument que nous y retournions un jour et nous tâcherons de voir comment la communauté mixte se partage son église. Les vignes du Seigneur appartiennent à tous. L'endroit est reposant et riche en inspirations.


L'oecuménisme, plus qu'une idée ?

« Que tous soient un comme nous sommes un afin que le monde croie. »
Jean, 17, 21

Est-ce réaliste ? Possible ? Et comment y arriver ?
Est-il indispensable de savoir quelle Eglise à tort ou raison dans ses articles de foi ?
Depuis le début du christianisme, la toile d'araignée de la discorde enferme dans son piège les chrétiens qui se réclament tous dépositaires de la vraie foi. Comment savoir si notre civilisation, notre éducation nous a placés dans la bonne catégorie de croyants ? Je me pose la question.
Chaque chrétien doit-il être au fait des dernières affirmations théologiques, connaître l'histoire de l'Eglise et les courants mystiques qui l'ont traversée, les décisions des multiples conciles, connaître sur le bout des doigts son catéchisme (le bon évidemment et le seul vrai) !
Pour être « Un comme Il est Un », n'est-il pas plus simple d'obéir au commandement nouveau de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Jean 13,33 ?

L'oecuménisme ne serait donc pas un concept intellectuel, mais une histoire d'amour.

Renée-Claire Spies


Paroles prophétiques

Au 3e siècle, 

Saint Cyprien de Carthage, né vers 200 et mort en martyr le 14 septembre 258 sous la persécution de Valérien, est un berbère converti au christianisme et devenu évêque de carthage. Il écrivait:
« Dieu ne reçoit pas le sacrifice de l'homme qui vit dans la dissension.
Il ordonne que l'on s'éloigne de l'autel pour se réconcilier d'abord avec son frère, afin que Dieu puisse agréer des prières présentées dans la paix.
Le plus grand sacrifice que l'on puisse offrir à Dieu c'est notre paix, c'est la concorde fraternelle, c'est le peuple rassemblé par cette unité qui existe entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. »

 Au 4e siècle,

Saint Augustin qui voyait déjà l'Eglise du Christ se fissurer de toutes parts comme un navire qui prend l'eau, écrivait :
« Pour l'essentiel, restons dans l'unité
Pour les choses douteuses, respectons la liberté
Et en tout, gardons l'amour mutuel. » 

Vers 560,

Un moine vivant en Palestine, Dorothée de Gaza, écrivait ceci :
« Imaginez que le monde soit un cercle, que le centre soit Dieu, et que les rayons soient les différentes manières de vivre des hommes.
Quand ceux qui, désirant approcher Dieu, marchent vers le milieu du cercle, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu.
Plus ils s'approchent de Dieu, plus ils s'approchent les uns des autres.
Et plus ils s'approchent les uns des autres, plus ils s'approchent de Dieu. » 

En plein 17e siècle

Henriette d'Angleterre (1652-1722) dite "Madame Palatine" et belle soeur du roi Louis XIV, écrivait:
« C'est une chose bien fâcheuse que les prêtres fassent que les chrétiens soient obligés d'être à couteau tiré les uns vis-à-vis des autres.
Les trois religions chrétiennes, si l'on suivait mon avis, devraient se considérer comme n'en formant qu'une seule et ne pas s'informer de ce que croient les uns et les autres, mais uniquement si l'on vit selon l'Evangile, et prêcher contre ceux qui vivent mal.
On devrait laisser les chrétiens contracter mariage entre eux, les laisser aller dans telle église qui leur plairait, sans trouver à y redire ; de cette façon il y aurait plus d'union entre les chrétiens qu'il n'y en a à cette heure. » 

En 1998,

Jean-Paul II s'adressait aux chrétiens de toutes confessions :
« Nous avons besoin de nous rappeler pour nous-mêmes et pour le monde que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. »

Plus près de nous

Soeur Marie, fondatrice d'un petit ermitage, « l'Eremo Francescano », près de Foligno:

« Je suis reconnaissante et vénère l'Eglise de ma naissance et de ma famille,
mais l'Eglise de mon coeur est l'Eglise invisible qui monte jusqu'aux étoiles.
Elle n'est pas divisée en cultes divers,
mais est formée de tous les chercheurs de vérité. »

Ou encore

 Guy Gilbert
« Peut-on réconcilier les religions?
Il y a des théologies incompatibles, mais, dans le saint Coran comme dans la sainte Bible, il y a d'extraordinaires points communs de miséricorde, de partage et d'amour fraternel.
Si nous avons un coeur universel,
Si nous pensons que l'autre a toujours une vérité qui nous manque,
alors oui, nous pouvons réconcilier les religions. »

ou encore

 Jacques Vermeylen

« Tout le monde sait qu'un retour pur et simple des anglicans, des protestants et des orthodoxes dans le giron de l'Eglise catholique est impossible, et pour de multiples raisons. Dès lors, il n'y a pour l'oecuménisme qu'un seul chemin praticable : celui de la reconnaissance mutuelle comme « chrétiens à part entière », de styles et de spiritualités différentes, certes, mais ayant en commun le même désir de fidélité au Christ et à l'évangile. » (Le marché, le temple et l'Evangile » p. 209 Ed. du Cerf, 2010.)

Humour sans âge. 

Une jeune journaliste de CNN avait entendu parler d'un très, très vieux Juif qui se rendait deux fois par jour prier au Mur des Lamentations depuis toujours. Pensant tenir un sujet, elle se rend sur place et voit un très vieil homme marchant lentement vers le mur. Après trois quarts d'heure de prière et alors qu'il s'éloigne lentement, appuyé sur sa canne, elle s'approche pour l'interviewer : « - Excusez-moi, monsieur, je suis Rebecca Smith de CNN. Quel est votre nom?
- Moshe Aknoun répond-il.
- Depuis combien de temps venez-vous prier ici ?
- Plus de 50 ans répond-il.
- 50 ans !!! C'est in-cro-ya-ble !!! Et pour quoi priez-vous ?
- Je prie pour la paix entre les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans. Je prie pour la fin de toutes les guerres et de la haine. Je prie pour que nos enfants grandissent en sécurité et deviennent des adultes responsables, qui aiment leur prochain.
- Et que ressentez-vous après 50 ans de prières ?-
- J'ai l'impression de parler à un mur… »