Eglise Patrimoine Artistique

eglise saint-pierre genval

L'église Saint-Pierre et son patrimoine artistique

Le vitrail latéral-Sud, dédié à Ste-Thérèse de Lisieux

Sainte Thérèse de Lisieux fut canonisée le 17 mai 1925. Pie XI la proclama patronne principale de toutes les missions. Cet événement a suscité un grand mouvement de ferveur dans l'Église. L'idée de créer un vitrail retraçant la vie de Sainte Thérèse n'a donc rien d'étonnant à cette époque.
Les vitraux de l'église n'ont pas été réalisés dès 1923. On commençait par y mettre de simples vitres et quand le budget le permettait on demandait la réalisation d'un vitrail.
Celui-ci date probablement des années 1927-28. Beau témoin de ces années de ferveur, mais son réalisateur n'est pas connu.

Au centre: On voit Thérèse auprès de Notre-Dame du Mont Carmel portant l'enfant Jésus. Thérèse intercède et répand "une pluie de roses" sur l'Eglise et le monde.(comme elle le dit dans son autobiographie "L'histoire d'une âme".)

Détail de gauche: Marie-Françoise-Thérèse MARTIN, en robe blanche, entre au Carmel de Lisieux à l'âge de 15 ans.

Détail de droite : Après 9 années de vie au Carmel, elle s'éteindra à l'âge de 24 ans. Ici, on voit Soeur Thérèse dans sa cellule, s'adonnant, devant son sablier, à la lecture et à l'étude des Ecritures.

En bas: les armoiries du pape Pie XI. (aigle + 3 tourteaux)

L'écu ovale était d'usage pour les ecclésiastiques et les dames, qui normalement ne faisaient pas la guerre, un écu étant par définition un bouclier ! Au XVIIIe siècle, on le donnait aussi aux gens de la petite noblesse.

En voici une lecture héraldique :
"Coupé d'or à l'aigle de sable et d'argent à trois tourteaux de gueules.
L'écu ovale posé sur deux clefs de St- Pierre, d'argent et d'or, croisées en sautoir, et timbré de la tiare d'or et d'argent."

En haut: Le blason du Carmel représente le Mont Carmel stylisé ; l'étoile inférieure : la Vierge Marie "étoile de la mer" et les deux étoiles supérieures : les prophètes Elie et Elisée.
La croix plantée au sommet du Mont Carmel stylisé fut ajoutée plus tard par les Carmes.

En lecture héraldique :
"De sable surmonté d'une croix
fichée et pattée du même, chapé-ployé d'argent à trois étoiles à six rais de l'un en l'autre. L'écu timbré d'une couronne de marquis."

La Vierge est auréolée de 12 étoiles et l'on peut dénombrer 12 roses dans chaque partie du vitrail (12 = la femme, Marie, l'Eglise selon la Numérologie chrétienne). On compte 66 roses rouges et plus de 36 roses bleues dans ce vitrail. Deux coquilles St-Jacques rappellent le chemin des pèlerins de Compostelle.

Les statues de l'église.

Les plus belles statues de l'église ont été réalisées par le sculpteur belge Edouard Nootens (1899-1977).

La statue de Saint Pierre bénissant la cité domine le pignon de la façade.
La Statue du Christ-Roi (chapelle latérale)
La Statue de la Vierge.

Cette statue de la Vierge Marie située près de la sacristie, est un original authentique qu'on pourrait appeler "Notre-Dame de Genval"
Elle est en pierre et inamovible car bien trop lourde! Mais elle est seule et ne porte pas l'Enfant dans ses bras (tout comme celles de Lourdes, de Fatima, de Banneux ou de Beauraing). Elle reflète bien la mentalité de la 1ère moitié du 20e siècle qui a vu se développer un culte marial parfois excessif (on a parlé de mariolâtrie !). Pourtant les anciennes traditions tant en Orient (les Icônes) qu'en Occident représentent toujours la Vierge portant l'enfant. Dom Lambert Baudouin (Prieur et fondateur du monastère de Chevetogne) disait : "Les Vierges actuelles, ont balancé l'enfant dans les bras de Joseph!" . Ici, c'est dans les bras de St Antoine de Padoue que l'enfant Jésus à été balancé.

Edouard Nootens a réalisé en Belgique nombre d'autres sculptures telles que
- l'Agneau Mystique de la Basilique de Koekelberg,
- le buste de Félix Hap à Etterbeek,
- le Christ en Croix à la cathédrale des Saints Michel et Gudule.

Les 6 autres statues qu'on aperçoit dans l'église relèvent du style saint sulpicien et n'ont pas de valeur artistique. Elles sont en plâtre et réalisées dans des moules à grand tirage.

- St Antoine de Padoue, franciscain né en 1195 à Lisbonne et mort le 13 juin 1231 près de Padoue, qui fut canonisé en 1232, moins d'un an après sa mort, et déclaré docteur de l'Église en 1946. Beaucoup de gens qui ne croient ni à Dieu, ni à Diable, prient St Antoine pour retrouver un objet perdu.
- Ste Rita, religieuse italienne de l'ordre des Augustins, invoquée pour les causes désespérées.
- Une reproduction de l'Enfant Jésus de Prague,
- Ste Thérèse de l'Enfant Jésus,
- St Joseph avec l'enfant Jésus.
- St Pierre, patron de la paroisse

Ces statues ont été repeintes au début des années 90 dans un ton uni qui leur donne une certaine discrétion.

Un petit crochet par la sacristie vous permettrait de voir les seuls vitraux dédiés à Saint Pierre, patron de l'église: ce sont 4 petits vitraux portant les initiales S & P entrelacées.

Le chevet de l'église.

Le sol et les parements sont recouverts de marbre. L'ancien maître autel est en marbre jaspé de Rochefort. Une pièce d'orfèvrerie y est enchâssée : le tabernacle. Il est surmonté d'une couronne (don fait à l'église en 1968).

Les 6 vitraux du Choeur

Ils sont répartis en 3 paires de baies géminées et ont été réalisés à la fin des années trente par l'artiste belge Maurice LANGASKENS (Gand 1884-Schaerbeek 1946). C'était avant tout un peintre et un lithographe, connu pour ses grands tableaux qui décrivent la vie rurale, les chevaux de trait, les scènes de la vie champêtre. 
Il n'appartient à aucune école. Son style est très personnel,
Il aime les personnages étirés comme les maniéristes du 16e siècle. C'est le cas, ici, dans ces vitraux du choeur. Il aime aussi les tons gais, très colorés et même éclatants.  Maurice Langaskens est associé à l’école de “Laethem Saint Martin” avec Gustave Van De Woestijn et Valerius de Saedeleer.
Surplombant le choeur, les anges adorateurs présentent les symboles de l'Eucharistie.
Dans l'iconographie chrétienne, les anges figurent généralement au nombre de six. "Six" est le nombre de l'Esprit.
Placés tout en haut près de la voûte, ces vitraux symbolisent le ciel peuplé des esprits bienheureux. Par temps clair, les couleurs de ces vitraux - où domine le rouge, l'orange et le jaune - illuminent tout le choeur de l'église. Avec, en arrière plan, les bleus et les verts, on compte 23 tons de coloris différents. Toujours d'après la numérologie chrétienne, "Vingt-trois" est le nombre symbolisant l'union mystique.

Baie ouest :
Le sacrifice du Christ est symbolisé ici, à droite, par l'Agneau Pascal et, à gauche, par la croix et les 3 clous de la Passion.

Baie centrale :
Présentation du pain et du vin de l'Eucharistie. L'ange de gauche tient le calice de la main droite et montre du doigt le ciel pour signifier que c'est l'Esprit Saint qui les sanctifie.

Baie Est :
L'ange de gauche présente le pélican nourrissant ses petits. L'ange de droite tient un gourdin et, met le doigt sur la bouche. C'est la force du silence et de l'intériorité.

Au Moyen Age, c'est par les vitraux que les fidèles, analphabètes pour la plupart, pouvaient lire et s'instruire.
Le Synode d'Arras qui eut lieu au 11e siècle dit ceci : " Ce que les âmes simples et les illettrés ne peuvent connaître par l'écriture leur est enseigné dans l'église : ils le savent par l'image."
Quatre siècles plus tard, François Villon faisait écho à cette idée en écrivant ce sonnet qu'il met dans la bouche de sa mère :

"Femme je suis, povrette et ancienne, 
Ne rien ne sçait, oncques lettres ne lus. 
Au moustier vois, dont je suis paroissienne, 
Paradis painct, où sont harpes et luts, 
Et ung enfer où damnés sont boullus. 
L'ung me fait peur, l'autre joie et liesse… "

Aujourd'hui, dans une civilisation gavée d'images, les vitraux sont toujours là comme des "passeurs de lumière", jouant avec les couleurs pour nous émerveiller, nourrir nos coeurs, éclairer nos esprits.
L'église St-Pierre offre ses vitraux à notre contemplation.
Certes, ils ne sont en rien comparables aux vitraux de la Sainte Chapelle ou à ceux des grandes cathédrales médiévales. Mais ils sont là, modestement, comme des enluminures pour notre mémoire. Saint Jean de la Croix, mystique du 16e siècle, comparait les vitraux à une " musica callada ", une " musique solidifiée " !

La chapelle Saint Augustin.

A côté de la statue du Christ qu'Edouard Nootens a sculptée dans la pierre blanche, nous apercevons ce petit vitrail avec le signe  . Ce n'est pas l'abréviation du mot paix. Non.

Il s'agit d'un symbole chrétien très ancien qu'on rencontre déjà dans les catacombes du 1er siècle : c'est le chrisme ou «  monogramme du Christ », symbole chrétien formé par les deux majuscules grecques X (ki) et P (rhô), la première étant apposée sur la seconde.
Ces deux lettres sont les premières du mot Χριστός (Christos) qui signifie Christ. L e Ch grec (Ki), semblable à un X de notre alphabet, et le R grec (Rhô), semblable à un P.

Auguste Lannoye, avait souhaité qu'un vitrail de l'église soit dédié à son Patron St Augustin. C'est bien plus tard, après sa mort, (survenue en 1938) que les voeux d'Auguste Lannoye seront réalisés et que le vitrail retraçant la vie de Saint Augustin trouvera sa place dans la chapelle latérale de l'église qui est devenue la chapelle d'hiver.

Détail de gauche :
On voit le jeune Augustin assis et en proie à la réflexion tandis que sainte Monique est debout en attitude de prière. Dans les "Confessions", Augustin raconte qu'après une jeunesse libertine, il adhère au manichéisme. Sa mère finira par le convaincre de se convertir au christianisme (en 387).

Au centre :
En 395, Saint Augustin, est élu évêque d'Hippone (Afrique du Nord).
Il est considéré comme l'un des premiers philosophes chrétiens et Père de l'Eglise d'Occident.
On le voit ici, écrivant: "La Cité de Dieu".

Détail de droite :
C'est le baptême d'Augustin que représente cette partie du vitrail.
En 387, dans la nuit de Pâques, il fut baptisé à Milan par l'évêque Ambroise.

Le chemin de croix.

Une oeuvre de Rodolphe Staege
en terre cuite polychrome qui date de 1928.

Trois fresques retraçant le parcours de Saint Pierre ...

Depuis 1928 jusqu'au début des années 90, trois grandes fresques recouvraient les arcades du fond du choeur. Elles avaient été peintes par l'artiste, Louis Wilmet né en 1881. C'était un autodidacte qui fut tour à tour peintre, poète, écrivain, historien et journaliste. Il s'est installé à Genval en novembre 1924 et y est décédé en 1965.
La croix, au fond du choeur, n'existait pas. Et la croix de Saint-François qu'on voit au mur du jubé était alors suspendue au-dessus de l'autel.
Louis Wilmet avait voulu réaliser ces trois fresques pour mettre en relief la vie et le rôle de l'apôtre Pierre.

L'appel des apôtres:
"Viens et suis-moi!"
Luc 5, 1-11

"Tu es Pierre
et sur cette pierre
je bâtirai mon Eglise."
Mt 16, 18

"Je n'ai ni or, ni argent,
mais ce que j'ai
je te le donne:
Au nom de Jésus,
lève-toi et marche." Act. 3,6

A la fin du 20e siècle, des travaux de ravalement des murs intérieurs de l'église ont été entrepris pas la Fabrique d'église. Ils furent menés à bien grâce à une équipe dynamique et éclairée conduite par André Vandiest, Roger Yernaux, Gérard Glibert et Michel Focant.
On fit un nettoyage complet des murs de briques. La réalisation de la salle paroissiale date aussi de cette époque.
La restauration des fresques de Louis Wilmet fut envisagée. On s'est aperçu alors que ces fresques étaient rongées par l'humidité et que les budgets ne permettraient pas de les sauver. Bien qu'irrécupérables, une proposition fut faite de les conserver telles quelles, en les masquant par des panneaux de multiplex écartés du mur sur des entretoises, plutôt que de les couvrir de peinture. Un spécialiste en décoration d'église fut consulté. Il estima que ces fresques ne cadraient pas du tout avec le reste du décor intérieur et qu'il fallait les éliminer.
Grand émoi au sein de la population. Il faut vous dire que l'oeuvre de Louis Wilmet touchait les gens au coeur. Il avait utilisé la technique des "portraits cachés" à la manière, entre autres, du peintre italien Raphaël dans la fresque bien connue de "L'école d'Athènes" qu'on peut admirer au Musée du Vatican. Raphaël y représente Platon sous les traits de Léonard de Vinci et Héraclite sous ceux de Michel-Ange.
Louis Wilmet avait choisi des paroissiens pour représenter les personnages bibliques de ses fresques. Les gens étaient fiers de voir tel apôtre représenté sous les traits de leur père.
L'abbé Olivier Nkulu (curé à l'époque) eut l'idée de faire faire une reproduction photo de ces trois fresques pour qu'on n'en perde pas la mémoire. Cette photo figure au-dessus de l'entrée de la chapelle latérale.

Une mosaïque.

Irène VANDER LINDEN, (Lokeren, 1897 - Uccle, 1959) peintre, dessinatrice, aquarelliste et artiste graphique de talent, a réalisé des oeuvres remarquables dans divers endroits du pays, en particulier des fresques illustrant la vie de sainte Alice de Schaerbeek dans le cloître de l'abbaye de la Cambre. Elle a peint les fresques du cloître ainsi que le chemin de la croix de l'abbaye N-D de Clairefontaine à Cordemoy (Bouillon) et réalisé les vitraux si finement ciselés de la tour du carillon à l'abbaye d'Orval.

L'église Saint-Pierre de Genval possède une oeuvre réalisée par Irène Vander Linden. Cette mosaïque a été achetée en 1959. Elle provient de « l'Atelier Flos » du village de Tegelen (en Limbourg hollandais).
Avant de sortir de l'église, levez les yeux au-dessus du portail. Vous la verrez fixée dans la brique. C'est du grand art et sans doute l'oeuvre la plus remarquable de cette église. Elle représente le Christ qui invite les chrétiens à aller témoigner de la Bonne Nouvelle.

Un orgue de qualité.

L'orgue de l'église Saint-Pierre de Genval doit son existence à Jacques Lannoye (le fils d'Auguste) qui le commanda en 1942 à la "Manufacture d'orgue Delmotte" de Tournai. Nous étions en pleine guerre mondiale et, malgré les difficultés d'approvisionnement en matériel, Maurice Delmotte réussit à construire un instrument de réelle valeur. Il fut inauguré et béni le 9 août 1942.

L'orgue compte
- 2 claviers manuels de 61 notes,
- un pédalier de 31 notes,
- 20 registres de jeux,
- Un millier de tuyaux dont les sonorités couvrent la plus grande partie de l'échelle sonore perceptible à notre oreille.
Le timbre des jeux s'étend du Bourdon à la Trompette brillante et jusqu'au Plein jeu, en passant par des sonorités aux caractères variés.
Cette diversité permet d'interpréter un registre musical fort étendu. Mais il fait surtout merveille dans le répertoire de musique romantique.

Vers les années 80, le professeur Luc Dupuis écrivait ceci : « On ignore complètement que l'église Saint-Pierre à Maubroux est dotée d'un orgue fort intéressant qui mérite toute l'attention des mélomanes et même des professionnels. Cet orgue n'est pas aussi exclusif que beaucoup d'instruments. Il peut honorablement servir un éventail de musiques suffisamment ouvert pour séduire un large public. »
En maintes occasions, ses timbres chatoyants et chauds furent mis en évidence par des musiciens de haut niveau.
- Le 9 août 1942, jour de l'inauguration, le nouvel instrument fut mis en valeur lors d'un récital donné par René Tellier, professeur au Conservatoire de musique de Bruxelles.
- En 1987, Luc Dupuis, professeur au Conservatoire Royal de Mons et organiste conservateur du grand orgue du Chant d'Oiseau à Bruxelles, donna, sur l'orgue de Genval, un concert avec caméra-vidéo qui ravit les mélomanes les plus avertis.
- Le 22 septembre 1995, Léo Wirtz, alors titulaire des grandes orgues de l'église Saint Joseph à Ostende, donnait un concert à Genval avec violoncelle (Yvon cailloux), trompette (Philippe Michel) et la participation de la chorale du lieu: « La Louette Saint Pierre »

L'orgue de Saint-Pierre a été tenu par Walter Guns de 1942 à 1950. Ensuite ce fut Alex Fanard jusqu'en 1960. Plus tard, et jusqu'en fin 1995, ce fut José Bercas. L'actuel titulaire est David Selmeci, lauréat du Conservatoire de Bruxelles.
Les étudiants des Académies de Musique de la région (classes d'orgue) viennent parfois s'y exercer.
La Fabrique d'église de Saint-Pierre de Genval veille chaque année à ce que l'instrument soit accordé par la firme « Delmotte ». Cet orgue rend ainsi de nombreux services au-dedans, comme au-dehors de la paroisse.

L'ébénisterie

Les portes en bois, dont celle du porche d'entrée de l'église, les armoires et tiroirs de la sacristie, les boiseries des confessionnaux, tous ces mobiliers de qualité ont été réalisés par Henri Noël (1886-1963), artisan ébéniste de métier qui habitait tout près de l'église, au n° 24, rue de la Station.

Les trois lys de France du porche.

Ces 3 lys décorent chacun des 4 battants du porche d'entrée. 3x4 = 12 fleurs de lys qui évoquent les 12 apôtres, les 12 piliers qui donnent accès à l'Eglise.