Rencontres Recherches Réflexions

RENCONTRES, RECHERCHES, REFLEXIONS en équipe


Une avancée significative entre protestants et catholiques.

Un accord a été signé le 25 juin 1998 entre Rome et les protestants luthériens concernant la « Justification », théorie puisée dans les lettres de Saint Paul au moment de la Réforme.
Dans l'épître aux Romains, Paul écrit : « L'homme est justifié par la foi (le contexte veut dire « seule »), sans les oeuvres de la loi ». Et dans l'épître aux Éphésiens : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu ». 
La Contre-réforme affirmait que le chrétien est justifié aussi par ses actes selon les paroles de Saint Jacques dans son épître: « Vous voyez qu'un homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seulement ».

Maintenant qu'une « Déclaration commune sur la doctrine de la justification » a été conclue entre la Fédération Luthérienne Mondiale et l'Église Catholique Romaine, on peut dire que cette question longtemps discutée est résolue.


L'Esprit d'Assise

Le 27 octobre 1986, le pape Jean-Paul II avait invité à Assise les représentants des principaux courants spirituels à s'unir dans une célébration commune. C'était un geste prophétique.
Il faut rappeler que ce geste avait motivé la rupture définitive des lefebvristes avec Rome. Mgr Bernard Fellay, porte-drapeau des disciples de Mgr Lefèbvre, a présenté un dossier contre la béatification de Jean-Paul II, expliquant qu'on ne pouvait béatifier l'initiateur du rendez-vous d'Assise. 
La Communauté de Sant'Egidio, qui s'est beaucoup investie pour faire fructifier l'Esprit d'Assise aux cours du quart de siècle qui nous sépare de cette date historique, organise dans plusieurs endroits des rencontres pour que cet événement important ne passe pas inaperçu.
25 ans après, Munich a fait les choses en grand. Pour prolonger ce rendez-vous d'Assise, une rencontre oecuménique de prière pour la paix y a été organisée du dimanche 11 au mardi 13 septembre 2011. Des personnalités religieuses et politiques d'une soixantaine de pays s'y sont réunies autour du thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ». Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, a rappelé avec force : « J'accueille cette rencontre des religions pour la paix en total accord avec Benoît XVI, qui a été très clair là-dessus ».
D'autres rendez-vous se succèderont chaque année à Assise.

 

 


La prière du Notre Père.

Prier ensemble n'était pas autorisé avant 1949!

 

Saviez-vous que ce n'est qu'en 1949, que l'Eglise catholique a permis aux fidèles de réciter le Notre Père avec des membres d'autres confessions chrétiennes ( Monitum du saint-office du 20 décembre 1949 )
A cause de la diversité des pratiques des différentes confessions, il était bien difficile de trouver un terrain commun dans les liturgies. Exemples : le choix de la langue locale pour les orthodoxes et les protestants ; celui du latin pour les catholiques ; le fait de laisser à l'assemblée la seule finale : « délivre-nous du mal » ; la doxologie « Car c'est à toi… » maintenue chez les protestants etc…
L'instruction « Inter oecumenici » du 26 septembre 1964 fait dire à haute voix le « Notre Père  » par toute l'Assemblée. Contrairement aux Orientaux, qui le faisaient réciter par le peuple, l'Eglise catholique de rite latin réservait jusque-là cette proclamation du Pater au prêtre seul, laissant le peuple prononcer les dernières paroles : « sed libera nos a malo ». Une évolution identique a lieu du côté réformé : dès 1963, la liturgie de l'Eglise réformée de France prévoit que toute l'assemblée récite la prière du Seigneur alors que seul le pasteur la proclamait auparavant. (voir le livre « Liturgie de l'Eglise Réformée de France  », Nancy, Berger-Levrault, 1963).
Avec la volonté de plus en plus insistante des chrétiens des diverses confessions de réciter ensemble la prière du Seigneur, on s'est aperçu que les traductions n'étaient pas les mêmes. Il a fallu négocier longtemps, chacun tenant à sa propre traduction. Ce n'est qu'en 1966 qu'une Traduction Oecuménique a vu le jour. Elle a dû surmonter d'âpres combats avant d'être finalisée !
Après 100 ans d'existence, le mouvement oecuménique a largement contribué à changer la théologie, les textes officiels, les pratiques et (on l'espère) les mentalités des communautés. Assez, en tous cas, pour nous donner espoir face à certains replis confessionnels. La prière commune reste un atout important pour avancer vers le respect des différences et la reconnaissance de la fidélité de l'autre Eglise au message apostolique.

Voir le livre « Vous donc priez ainsi », Ed Bayard, Paris, 2011.

La traduction de la TOB (Traduction Œcuménique de la Bible) qui permettait à tous les usagers de la langue française de prier sur les mêmes paroles est à nouveau mise à l'épreuve. La sixième demande du Notre Père ayant été modifiée de manière unilatérale par quelques théologiens de l'Eglise catholique, nous voilà de nouveau divisés...


Le vrai peuple de Dieu.

L'un des membres de notre équipe, écrivait dans le journal paroissial de St-Pierre de Genval que « toutes les religions sont vraies et révélées » ; que « chaque religion est une étincelle de l'infinie lumière de Dieu » ; que « le peuple de Dieu, c'est toute l'humanité et pas seulement les juifs ou les chrétiens ».
Tous les membres de l'équipe ont apprécié ce texte.
Aucune religion ne possède toute la Vérité, car la Vérité, c'est Dieu lui-même.
Le Concile de Trente énonçait à peu près cette phrase : « Dieu donne à tous les hommes la lumière et la grâce pour être sauvés. Et que celui qui dit autre chose soit anathème ! »
Les moines trappistes de Abbaye de Kurisumala (Kerala, Indes du Sud) ont introduit dans leur liturgie des éléments du Veda, premier livre sacré de l'Inde. Signe que l'Eglise peut prendre en compte toutes les étapes de l'Incarnation.


Pour une Eglise inventive !

 

L'Eglise actuelle est imprégnée d'un cléricalisme omniprésent. Certains sacrements ne requièrent pas l'intervention d'un prêtre : le baptême ou le mariage. Même dans le contexte actuel de raréfaction de vocations sacerdotales les autorités se montrent frileuses face à l'introduction de célébrations dominicales en l'absence de prêtres. Le rôle des diacres est très limité. A la moindre bénédiction, on fait appel au prêtre. Nous sommes en panne d'inventivité.
Et pourtant, les premiers écrits chrétiens nous montrent des communautés ouvertes à la diversité. On y parle de « surveillants », « d'anciens », de « veuves » ou de « prophètes ». Nous retrouverions l'esprit des origines en inventant de nouveaux services, ministères ou responsabilités nécessaires à des communautés vivantes.
Pour une fois, l'Occident pourrait s'inspirer de l'expérience africaine (surtout au Congo) où certaines paroisses sont confiées à un laïc et même à une laïque. Le prêtre ne vient que pour célébrer les sacrements. Là les célébrations dominicales en l'absence de prêtre (les ADAP) ne posent plus problème.
Le grand dilemme, à l'heure actuelle, c'est celui de vouloir exprimer sa foi à travers des « ministères de pouvoir » plutôt que des « ministères de service ». Il faudrait prendre au sérieux l'égale dignité de tous les fidèles, hommes et femmes, leur capacité à penser et exprimer leur foi en référence à l'esprit de Vatican II et tout simplement à l'évangile. Que soient bannies toutes formes de jalousies, envies et cloisonnement confessionnels.


Le rôle de la femme dans les religions.

 

Nous assistons à un retour en arrière dans ce domaine.
Les assemblées de croyants musulmans dans les mosquées sont impressionnantes, mais où sont les femmes ?
Par contre, nous découvrons avec beaucoup d'intérêt la figure de cette moniale bénédictine allemande du 12 ème siècle. Sainte Hildegarde de Bingen, à la fois musicienne, écrivain, experte en sciences naturelles et qui fonda deux abbayes au coeur de l'Allemagne médiévale. Elle vient d'être proclamée la quatrième femme docteur de l'Eglise, après sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse d'Avila et sainte Thérèse de Lisieux.
Notons aussi que la religion orthodoxe compte des diaconesses (femmes diacres). Les Orthodoxes sont restés plus proches de cette tradition apostolique primitive dont parle St Paul à plusieurs reprises (Rom. 16.1 ou Tim. 3.11).
Déjà lors du Synode romain de 1987, des évêques avaient demandé le rétablissement du diaconat féminin, en se fondant sur la réalité historique antérieure, ainsi que sur le refus d'une discrimination à l'égard des femmes et sur les besoins actuels de la mission.


Un pape qui secoue les scléroses de son Eglise.

 

Le pape François, lors de l'Assemblée de l'épiscopat italien en 2013, relève 3 défauts majeurs : « la paresse, l'esprit de carrière, et le goût de l'argent ». Il précise : « pas seulement chez les évêques italiens, mais aussi chez les Gaulois et les Germains ! »
Son texte entièrement écrit de sa main a été prononcé sans tenir compte des corrections suggérées par la secrétairerie d'Etat ! Il prie « pour une Eglise qui soit libérée de l'idolâtrie du présent avec des pasteurs détachés de la torpeur de la paresse, de l'esprit mesquin du défaitisme, de la tristesse, de l'impatience et de la rigidité. » « Alors, dit le pape, nous découvrirons la joie d'une Eglise servante, humble et fraternelle. »
Ce ton est nouveau dans l'Eglise et nous entraîne loin du ritualisme et de tout légalisme sclérosant.


Avancées oecuméniques remarquables en Afrique.

 

Le Frère François et le Frère Damien ont tous deux vécu de nombreuses années de leur vie monastique en Afrique. Et c'est de cette période qu'ils nous partagent quelques moments forts du point de vue oecuménique.
D'abord, une rencontre entre frères dits « séparés » qui eut lieu au monastère bénédictin de Lubumbashi (RD Congo) en 1974, lors d'un camp biblique avec Mr Danilo Gay de l'Eglise réformée, où tous furent saisis d'étonnement en se découvrant différents mais dans la joie et la fraternité. Ce premier « face à face », prolongé par les soirées dans la prière, est devenu progressivement un « coeur à coeur » qui se poursuit jusqu'à ce jour…
Dans les deux années suivantes, en 1975 et 1976, eurent lieu des retraites oecuméniques avec une quarantaine de jeunes, animées conjointement par deux protestants et deux catholiques, notamment le Pasteur Christian Glardon de l'Eglise apostolique et le Père Philippe Verhaegen, bénédictin, responsable du Renouveau charismatique en Belgique : ces rencontres amenèrent les participants à découvrir la diversité des charismes dans l'Eglise. Au terme de leurs interventions, la Major Sylvane Guerne, de l'Armée du Salut, se dressa et interpella vigoureusement l'assemblée en citant 1 Co 13 : « Si je n'ai pas la charité, je ne suis rien ! ». Interpellation à rapprocher de celle de saint Jean Chrysostome : « Vous revêtez vos autels d'étoffes somptueuses et vous y déposez des vases d'or mais vous laissez nus et affamés les membres du corps du Christ ! Célébrez votre liturgie dans les rues et sur les places de la ville ! ».
A Kinshasa, les célébrations mensuelles kimbanguistes rassemblent des milliers de fidèles. Elles débutent par la proclamation de la Parole, puis vient la collecte au son de la fanfare : c'est une fête de la générosité, avec une émulation entre les différents quartiers, qui leur permet de subvenir eux-mêmes à tous leurs besoins sociaux grâce à cette mise en commun des « piécettes de la veuve » ! Simon Kimbangu, issu de l'Eglise Baptiste, a voulu incarner le message évangélique pour les Africains et il a fondé ainsi la première Eglise indépendante du Congo, ce qui entraîna son emprisonnement par le pouvoir colonial, en collusion avec l'Eglise catholique, jusqu'à la fin de sa vie… Et pourtant, aucune trace de rancune chez les fils du Prophète vis-à-vis de leurs anciens persécuteurs. Oui, nous avons découvert que l'Esprit est aussi présent chez nos frères d'autres confessions religieuses !
Par ailleurs, sur le plan de l'action médico-sociale, la collaboration entre confessions différentes ne connaissait pas de frontières. En tant que médecin, le frère Damien participait aux réunions de réseaux où tout le monde collaborait pleinement sans distinction d'appartenance religieuse.


Interreligion.

 

Le Père Pierre de Béthune invité à la réunion du groupe en septembre 2014.
Il nous offre un témoignage des moments de spiritualité interreligieuse qu'il a pu vivre à plusieurs moments de sa vie.
- Assise, la réunion pour la paix en 1986.
Grand moment de prière interreligieuse qui réunissait 130 responsables religieux parmi lesquels un délégué juif, le Dalaï Lama, le patriarche du Cambodge et des chrétiens de plusieurs confessions dont les catholiques représentés sous une grande variété avec le pape, des patriarches arméniens, des africains ... tout cela dans une grande cohésion réalisée grâce aux tensions dépassées.
- Tibhirine et la prière avec les Soufis,
- Bénarès et la communion interreligieuse avec l'hindouisme en se plongeant dans le fleuve sacré: le Gange.
- L'Etna, on monte vers un lieu de dépassement.
- Japon : au monastère de la Ste-Trinité, fondé par le Père Montchanin: dialogue noué autour de nos pauvretés,
- Takamori : un séjour inoubliable chez le Père Oshida, un bouddhiste Zen qui a rencontré le Christ.
Pour le Père Pierre, le dialogue interreligieux, c'est laisser entrer un autre dans sa maison. Dia-logue: dia = "à travers" - logos = la parole. On s'ouvre à des paroles "hospitalières" et non des paroles "péremptoires" ou "imperméables". Les religions sont "compatibles".
Le frère Pierre nous montre plusieurs types de chapelets: chrétien orthodoxe, musulman, bouddhiste... ainsi que le vase en cuivre dont on se sert pour les ablutions dans le Gange


Rencontre avec des amis orthodoxes de Bruxelles.

 

Le Mardi 25 août 2015 à Clerlande n ous accueillons Geoffroy et Alexandra de Moffarts qui viennent partager avec l'équipe leur vie de chrétiens orthodoxes.
Geoffroy, né dans une famille catholique, ressent à 17 ans le besoin de vivre sa spiritualité en dehors de celle de ses parents. Initié par le Père Paul Pellemans, il est reçu dans la communauté orthodoxe.
Alexandra est venue de Roumanie et formée via l'Institut Saint-Serge de Paris.
Tous deux enseignent la religion orthodoxe dans les écoles de la Communauté Française de Belgique. Ils vivent à Bruxelles. La communauté qu'ils fréquentent est très ouverte. On y retrouve toutes les obédiences orthodoxes.
Geoffroy et Alexandra (avec le petit Anastase, leur fils) nous chantent quelques mélodies de la Sainte Liturgie.
L'appartenance à une confession à, certes, son importance. Ce sont comme des matrices différentes. Elles permettent de grandir (à la manière de l'embryon dans le sein de sa mère). Mais c'est l'appartenance au Christ qui est primordiale. Dans le Christ, nous avons tout.
Dans un orchestre, chaque instrument joue au service de l'ensemble. Ce qui est beau, c'est l'harmonie réalisée par tout l'orchestre sans qu'aucun instrument ne cherche à rivaliser avec l'autre.
C'est dans l'action, sur le terrain humanitaire, que nous nous rejoignons au-delà des discussions théologiques.
Au sein de l'orthodoxie, les divergences sont nombreuses (Eglises non-chalcédoniennes, Eglises Chalcédoniennes, Eglises Coptes... ) Les uns ne peuvent pas toujours communier chez les autres. Le chemin est encore long vers l'unité.
La démarche que nous estimons la plus positive est, non le retour vers une seule Eglise (en tant qu'institution), mais le retour à la Communion, à la rencontre et l'acceptation les uns des autres.

La réunion se termine par le chant du Notre Père et le partage du verre et du gâteau de l'amitié.
Nous remercions vivement Alexandra et Geoffroy dont nous avons beaucoup apprécié le témoignage.

 


L'Eucharistie,lieu de rencontre et de communion pour tous les chrétiens.

 

Les apports du Concile Vatican II dans le domaine liturgique sont nombreux. La Constitution " Sacrosanctum concilium " a ouvert des chemins nouveaux.
Le Concile a souhaité une révision des rites afin de les rendre plus accessibles à l'homme d'aujourd'hui.
- la concélébration , comme signe d'unité (n°57),
- la communion sous les 2 espèces (n°55)
- la réintroduction des 2 Epiclèses (Invocations à l'Esprit Saint) .

Les réformes prévues par le Concile Vatican II sont loin d'être acquises. Les évêques, souvent craintifs, continuent à se référer à Rome et donnent ainsi une trop grande importance à la Curie.
Les prêtres continuent à théâtraliser le moment du récit de la Cène, mais donnent peu d'importance à l'épiclèse et à la fraction du pain. Et pourtant, "Ils le reconnurent à la fraction du pain" dit Saint Luc au chapitre 24.
En Afrique, le rite congolais n'a pas encore été officialisé et reste considéré comme expérimental plus de 60 ans après le Concile ! Mais on danse au Congo, on déplace le kyrie après l'homélie. On change, mais timidement!
Par contre, en Inde, au monastère cistercien de Kurisumala, on assiste à un projet unique alliant la liturgie du monachisme cistercien avec la liturgie Syriaque et la spiritualité indoue.
Le Culte protestant a pris naissance chez un moine catholique, Martin Luther, qui prônait un retour aux sources en accord avec l'évangile. Luther a été rejeté par l'Eglise catholique. Ce n'est pas lui qui en est sorti.
Sa référence n'est pas la tradition, mais l'évangile où, p. ex. il ne voit que 2 sacrements institués par Jésus: Le baptême (approuvé) et la Cène (instituée).
Si on compare l'eucharistie catholique et la Cène protestante, on retrouve les moments essentiels:

•  Confession des péchés,
•  lectures bibliques,
•  homélie ou prédication
•  et le Dernier Repas.

Alors que dans le protestantisme, on "commémore" la Cène, dans le catholicisme on "actualise" la Cène et c'est la "présence" du Seigneur qui est vécue de part et d'autre selon des modes différents.
La Cène, l'Eucharistie, c'est la table du Seigneur, pas la table d'une Eglise ! On y vit la Présence du Christ. Réelle, mais sacramentelle. N'oublions pas que la croyance en une présence "physique" est condamnée par l'Eglise catholique.
Chez les protestants la participation des enfants à la Cène fait débat. Mais par contre, on y accueille les divorcés comme les autres. La position des évêques catholiques d'Allemagne et des Pays-Bas est d'accueillir chacun selon sa conscience.
Dans l'Eglise catholique, on avait focalisé depuis le Concile de Trente sur les paroles de la consécration et sur l'élévation. Et dans la prière eucharistique, c'est depuis le 10e siècle qu'on avait oublié "l'invocation à l'Esprit-Saint" appelée "Epiclèse". Elle a été réintroduite par le Concile Vatican II rejoignant ainsi la tradition la plus ancienne. La théologie catholique la reconnaît maintenant comme un élément essentiel de la prière eucharistique.

Des règles trop rigides empêchent les chrétiens de différentes communautés de partager le pain de l'eucharistie. On invite, mais quand c'est le moment de passer à table, on dit: "Non, non, pas vous!".
Ce n'est pas correct du tout!
On ne va pas brûler les étapes et respecter provisoirement les pratiques....mais jusqu'à quand?
Entre chrétiens, la table doit être ouverte à tous. Aucun argument théologique ne tiendra pour affirmer le contraire. Dans l'évangile, Jésus n'a pas dit: "Venez à moi à condition d'avoir telle ou telle étiquette sur le front ! " Un de nos membres a relaté ceci : "Un de mes amis s'est vu refuser le pain de l'eucharistie. J'ai dès lors décidé de ne pas non plus communier ce jour-là ! "


Rencontre avec Lisette et Danilo Gayt

 

Lisette et Danilo Gayt sont de passage à Clerlande.
Ils ont travaillé en Afrique - à Lubumbashi en 1977 - en collaboration avec les Pères François et Damien de Clerlande, puis au Canada. Danilo nous explique qu'actuellement, ils sont engagés en tant que diacres dans la communauté de l'Eglise réformée Saint-François de Lausanne.
Leur engagement les a amenés à constater que l'oecuménisme est un long chemin. Il faut du temps pour comprendre que l'évangile est le même pour tous.
En travaillant ensemble, main dans la main, avec des catholiques, protestants et anglicans, ils ont découvert que les obligations sont les mêmes pour tous : celles de l'évangile.
Danilo fait allusion au film publié par le "Chemin neuf": " Le miracle de l'unité a déjà commencé ". Ce film porte sur le thème de l'unité des chrétiens, à la lumière d'événements récents qui nourrissent notre espérance. Dans une première partie, le Père Laurent Fabre y donne cinq bonnes nouvelles concernant le dialogue entre nos Eglises et le rapprochement qui s'effectue de plus en plus entre chrétiens de différentes confessions à travers le monde. Puis il présente quatre étapes sur le chemin de l'unité, pour exaucer la prière du Christ : « qu'ils soient un afin que le monde croie ».

Lisette travaille au sein de l'aumônerie en clinique.
Elle nous parle de la Semaine de jeûne qui est vécue en carême. Un jeûne complet, très encadré auquel catholiques et protestants participent chaque année dans un esprit de solidarité.
Elle a aussi découvert la Méditation chrétienne avec le Père John Main, bénédictin anglais. Un travail hebdomadaire d'unification explicité dans l'ouvrage: "En quête de sens et de profondeur – Méditer avec John Main"  Méditation chrétienne du Québec / Medio Media, 2013 (18 €)


Les chrétiens d'Egypte

Lors de son dernier voyage en Egypte, Christian Delneste a pu constater un changement de climat: Couvre-feu supprimé - Scanner dans chaque station de métro - Déploiement d'une forte surveillance militaire. Impression de plus grande sécurité -
Le président Al-Sissi est soutenu par une partie du peuple Egyptien pour l'élaboration en cours d'une nouvelle Constitution qui garantira la liberté religieuse.
Les chrétiens coptes sont environ 10 millions sur une population de 89 millions d'habitants. Sur ces 10 millions, 95% sont coptes orthodoxes; 100 000 sont catholiques; 100 000 sont évangélistes. Le Patriarche d'Alexandrie, Tawadros II, est très sensible à l'unité chrétienne.
Avancée importante : Les coptes catholiques d'Egypte acceptent l'intercommunion.
La majorité des égyptiens sont sunnites. Les Frères musulmans et les chiites sont rejetés.
L'université Al-Hazhar joue un rôle déterminant contre l'Etat islamique. Mais les extrémistes n'aiment pas ceux qui réfléchissent. L'université n'est pas soutenue par les Salafistes qui n'hésitent pas à jeter des pierres sur les militaires qui reconstruisent des églises. Une centaine d'églises avaient été détruites par les fondamentalistes.

Dans les campagnes, on compte encore beaucoup d'illettrés. A Mokattam, près du Caire, les chiffonniers étaient souvent illettrés, mais leurs enfants ont été scolarisés grâce à l'action de Soeur Emmanuelle et son équipe. Ce sont maintenant des universitaires souvent influents.
Aujourd'hui, des voix musulmanes se font entendre pour aider leurs coreligionnaires à sortir de cette soumission qui caractérise l'Islam.
Naïma Yaacoubi , soutient les jeunes musulmans qui réfléchissent. L'idée que le Coran interdise de choisir sa religion n'est pas correcte. Sur les 6000 versets du Coran, 500 garantissent la liberté de choisir sa foi et sa croyance. Mais il est vrai que dans les théocraties musulmanes, un musulman ne peut se "convertir" à une autre religion.
Tareq Oubrou, Imam de la mosquée de Bordeaux, est aujourd'hui l'une des figures de proue de l'islam libéral" . Mais sa tête est mise à prix par l'Etat Islamique.


Dialogue Anglicans, Catholiques, Protestants.

Les disputes qui ont distancé les chrétiens, il y a 500 ans, n'ont plus rien de commun avec ce que nous vivons aujourd'hui.
Concernant l'Eglise anglicane, il faut savoir que de graves problèmes la secouent suite à l'ordination presbytérale et épiscopale des femmes.
Ce sont surtout les Anglicans du Royaume-Uni qui sont divisés sur le sujet.
La branche américaine réformée et progressiste est beaucoup moins touchée par ces événements et va jusqu'à accepter l'ordination de personnes homosexuelles (hommes ou femmes).
Le pape François a réservé un accueil chaleureux, en mai dernier, à l'archevêque luthérienne Antje Jackelén, archevêque d'Upsal (Suède). "Il serait dommage, disait-il, de voir apparaître et se consolider de nouvelles différences confessionnelles sur les grandes questions du mariage, de la sexualité ou de la famille. " Voilà une attitude qui sonne juste !
Finalement, peu de choses nous séparent de l'Eglise Anglicane. Sa liturgie est presqu'en tous points identique à la liturgie catholique. Des concélébrations se font déjà ailleurs, par exemple dans les prisons, avec la participation des aumôniers des 2 confessions.


La Bible et le Coran

Le Père Bernard Poupard explique que depuis des décennies, la bible fait l'objet de recherches exégétiques approfondies. Pour les musulmans, il y a la difficulté d'accepter de remonter aux sources exégétiques des textes du coran.
Le monde musulman compte plus de 75% d'illettrés. C'est un frein à la marche dans le temps des peuples de cette grande religion (voir le livre Contre-prêches, par Abdelwahab Meddeb, Seuil ).
Laissant de côté la légende officielle qui fait du Coran un texte descendu du ciel, quelques intellectuels essaient de lui appliquer les méthodes rigoureuses de l'exégèse historico-critique qui ont fait leur preuve pour la Bible. Mais ils ne sont pas reconnus.
Le coran a été rédigé vers l'an 650. Il a fallu une cinquantaine d'années pour le rédiger et le publier sous le 2e Calife après le Prophète.
L'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, estime que, si Mohamed vivait aujourd'hui, la charia inclurait la charte des droits de l'homme.
Autre point sur lequel l'islam a du retard : Entre chrétiens, le mouvement oecuménique a amorcé le dialogue entre les diverses confessions chrétiennes depuis plus de 100 ans. Ce n'est pas le cas des différents courants de l'islam, tous très nationalistes.
Les musulmans sont très influencés par le regard de la communauté. La pression sociale est telle qu'il est plus confortable de suivre un mouvement que de changer de comportement.

Voir le film "Mustang" un récit initiatique d'émancipation. Il est né d'une volonté de raconter ce que signifie être une fille, une femme dans la Turquie contemporaine puisqu'il s'agit d'une société où leur place fait débat.
Lire aussi le livre "L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète" ( Ed. Bayard), où Christian Delorme (prêtre du Prado à Lyon) témoigne de son vécu dans les relations très étroites avec les musulmans. "L'islam que j'aime, dit-il, est celui qui s'ouvre et non celui qui se replie dans une affirmation identitaire". Sa foi s'enracine dans les livres sacrés de l'une et de l'autre religion. Ce contact, loin d'affaiblir sa propre foi, la renforce.

Christian Delneste confirme que pour lui aussi, après 22 ans vécus parmi les musulmans d'Egypte et d'ailleurs, il relit aujourd'hui les lettres de St Paul avec d'autres yeux.

A Tibhirine, le 16 avril 2016, 20 ans après la mort des 7 moines, un pèlerinage a été organisé, chrétiens-musulmans avec chant soufi pour la paix et chant d'envoi en français et en arabe.


L'Equipe oecuménique au Monastère de Chevetogne

Le 20 avril 2017

Chevetogne, « Monastère de l'Union »
Fondé par Dom Lambert Baudouin
pour relier toutes les Eglises entre elles!

Nous y sommes accueillis par le Père Simon qui nous fait visiter le Monastère et nous explique le déroulement de la divine liturgie.
Liturgie en rite oriental d'une beauté et d'une richesse qui vous remue au plus profond de vous-même.
Un entretien avec le Père Nicolas Egender (94 ans) nous apporte un témoignage vivant. Cet homme a connu de près l'histoire féconde de ce monastère.
Avec lui, nous visitons le cimetière des moines et nous nous recueillons devant la tombe de Dom Lambert Baudouin, fondateur du Monastère " Vir Dei et eccelsiae", "Homme de Dieu et de l'Eglise".
Lambert Baudouin portait en lui une vision prophétique de l'Eglise.
Son charisme le rendait capable de capter une intuition et de la réaliser rapidement.
Il devint le confesseur et collaborateur du cardinal Mercier.
Résistant comme lui, il est à la base de la lettre « Patriotisme et endurance » publiée par le cardinal Mercier à la Noël de 1914 et appelant à la résistance.
Réformateur monastique audacieux, il fut contraint à l'exil par la Curie romaine durant 20 ans et fut réhabilité par Jean-Paul II.
Déjà en 1925, Lambert Baudouin écrivait: « Aucune des Eglises séparées n'est séparée de la vie du Christ. Un lien existe, connu de Dieu seul. »
Nous nous arrêtons aussi devant la tombe du Père Bruno Reynders reconnu "Juste parmi les Nations". Il sauva beaucoup d'enfants juifs durant la seconde Guerre mondiale;

Et le Père Nicolas, terminant son exposé, nous cite cette parole du Cardinal Mercier:

"Pour s'unir, il faut s'aimer
Pour s'aimer, il faut se connaître
Pour se connaître, il faut se rencontrer."

Voici un schéma qui était cher à Dom Lambert Baudouin:

 

Pour l'équipe: Paul Spies

 


Message envoyé par l'équipe oecuménique aux chrétiens d'Irak.

En décembre 2010, notre équipe a décidé d'envoyer un message d'encouragement aux chrétiens d'Irak qui étaient alors sous le coup de terribles persécutions de la part de daesh.

Voici notre message:

Les événements qui vous ont frappés, vous les chrétiens de Bagdad, nous ont profondément marqués en Belgique.
Votre attitude est simple et noble comme l'Evangile. L'attitude de beaucoup de musulmans de votre entourage, les signes de sympathie qu'ils vous témoignent nous remplissent d'admiration car ils révèlent que vous êtes un levain dans la pâte.
Déjà, l'attitude des moines de Tibhirine nous avait fortement impressionnés.
L'Eglise, qui est le Corps du Christ et se trouve blessée dans ses membres, est un corps riche de ses solidarités et de sa communion indéfectible.
Nous voulons vous dire que votre vie de foi et d'espérance nous touche au plus haut point et que nous vous soutenons. Nous partageons vos peines et vos labeurs et vivons en communion avec vous par une prière assidue.

Gardez courage !

L'équipe oecuménique de Genval (Belgique)

www.genvalsaintpierre.org