Poèmes et Prières

POEMES ET PRIERES

Notre Père à l'envers - Quand Dieu supplie l'homme
Je voulais te présenter
Accueil
Les désirs de ma louange
Le long chemin
Autour du feu
Pélerins d'Emmaüs
Prière d'un enfant hispano-américain
Prière de l'Artisan
Prière d'un écolier
Simple prière à Notre-Dame
Mon vitrail

Notre Père à l'envers

Quand Dieu supplie l'homme

Traduit d'après José Maria Rodriguez Olaizola s.j.
(Revue Jesuitas, Primavera 2017, p.9)
et publié ici par Tchuma KAGOMA AMUNDALA.

Mon fils / Ma fille, qui es sur la terre,
Fais que ta vie soit le meilleur reflet de mon nom.
Engage-toi pour mon Règne à chaque pas que tu fais,
Dans chaque décision que tu prends,
Dans chaque attitude et chaque geste.
Construis-le pour moi et avec moi.
C'est là ma volonté sur la terre comme au ciel.
Reçois le pain de chaque jour,
Conscient(e) que c'est un privilège et un miracle.
Je te pardonne tes erreurs, tes chutes, tes abandons,
Mais fais de même face à la fragilité de tes frères.
Lutte pour plus de justice et de paix
Et je serai à tes côtés.
N'aie pas peur :
Le mal n'aura pas le dernier mot.

Amen.


Je voulais te présenter ...

Je voulais te présenter mon corps, mes mains de bourlingueur, mes mains fidèles qui m'ont
permis d'écrire, de caresser, de tendre la main, d'être tendre.
Je voulais te présenter mon ventre.
Je voulais te présenter tous mes membres, les membres de ma confrérie corporelle.
Je voulais te présenter mon groupe sanguin A qui m'accompagne fidèlement, qui joue avec
moi la partition de ma vie.
Te présenter mon oreille droite qui a vingt ans depuis quarante ans et mon oreille gauche qui
a exactement
le même âge, il n'y a pas de hasard.
Je voulais te présenter cette sculpture mouvante que je suis, toujours en train de me
sculpter, de me modeler, de me conduire plus loin.
Je voulais que tu me vois marcher.
Je voulais te présenter le miracle de mes pieds, le miracle de mes yeux, capables de rire et de
faire des larmes.
Je voulais te présenter la vie qui monte en moi comme une sève.
Je voulais te présenter ma bouche.
Je voulais te présenter ma langue qui me permet de te présenter mon corps, de le détailler
encore et encore.
Oui, je voulais te présenter ma langue, ma fidèle petite parleuse qui à force de remuer,
exprime du
mieux, qu'elle peut ce que veut dire mon esprit,
Oui c'est ça, je voulais te présenter mon esprit.
Et en fin finale, je voulais t'offrir une des créations les plus subtiles de mon corps, comme qui
dirait la fleur de moi-même, l'or, je voulais t'offrir un sourire.

Julos Beaucarne

 

Accueil

Ouvrir sa porte à l'étranger,
Le regarder, le faire entrer,
Ouvrir sa porte à l'inattendu,
Au dérangeant, à l'inconnu
Qui s'habille autrement
Et qui parle en chantant.
Ouvrir son cœur avec confiance
Sans préjugés et méfiance
Et sans à priori.
A tous et aux petits,
Aux affamés, aux prisonniers,
A ceux qui ne peuvent plus pleurer.
Plonger ses yeux dans d'autres yeux
Pour y rencontrer Dieu,
Fermer ses bras sur l'invité,
Chanter, rire et danser,
Peindre son âme en rose,
Dire de belles choses,
Mettre de beaux habits
Et dire des mots gentils
Et partager le pain
Et boire du bon vin,
Répandre du parfum.
Rendre l'espoir au cœur meurtri
Par un sourire qui enrichit..
Donner et recevoir, ne pas blesser,
Comprendre et pardonner.
Préparer quelques fleurs, un bouquet de bonheur.
Allumer un bon feu pour réchauffer le coeur
Et faire naître la paix…
Comme quand Tu entrais
Chez Lazare ton ami
Et chez Marthe et Marie,
Le corps si fatigué
D'avoir tant marché.
Est-ce possible que ce ne soit pas toujours ainsi ?
Ai-je rêvé ? Je m'étais pourtant réjoui.
Etais-tu là, ce jour-là, incognito
Ou bien étions-nous arrivés trop tôt
Que nous avons trouvé porte de bois
Au rendez-vous de notre joie ?

Ai-je rêvé ?
Dis-moi, amie,
Est-ce utopie ?

Roger Yernaux, poète genvalois

Les désirs de ma louange

 

Je voudrais m'en aller au pays des étoiles
Pour que, là-bas, ton Nom soit prononcé.

Je voudrais m'enfoncer dans le sein de la terre
Pour que, des grands abîmes, monte mon chant d'amour.

Je voudrais naviguer sur tous les océans
Pour que, dans leur silence, ma prière s'élève.

Voudrais-tu, de tout homme, me faire un grand ami ?
Je pourrais doucement lui révéler ton Nom.

Voudrais-tu m'envoyer pour veiller un enfant ?
Je pourrais le bercer en chantant ton amour.

Voudrais-tu m'emmener dans une foule en fête ?
Je pourrais, en silence, te prier de bénir.

Si je pouvais servir dans la maison des rois,
J'écrirais en secret ton Nom dans la poussière.

Si je pouvais souffrir avec les plus souffrants,
J'essayerais de chanter ton amour à mes frères.

Si je pouvais mourir sans perdre ton pardon,
Mon silence lui-même te prierait encore.

15 octobre 1965
Christiane BECKER
(Née à Genval le 17 février 1936 - décédée à Bordeaux le 20 février 2006)

Le long chemin

Il est long, si long le chemin
Des jours passés, des jours qui viennent
Quand on va seul avec sa peine !
Ami, donne-moi la main.

Il est long, si long le chemin
Lourds sont les jours et les semaines
Lorsque l'amour se fait lointaine
Ami, donne-moi la main.

Il est long, si long le chemin
Et chaque jour plus lourd me semble,
Vienne le temps qui nous rassemble
Ami, donne-moi la main

Il est long, si long le chemin
Si tu veux, marchons ensemble
Et ne crains pas si mes doigts tremblent
Ami, donne-moi la main.

Etienne DANIEL & Djabir BLIDI

Autour du feu

 

Nous sommes tous passants et pèlerins.
Allumons donc un feu au carrefour, à l'adresse de l'Eternel.
Fermons le cercle et faisons un temple dans le vent.
Faisons de ce lieu quelconque un Temple.
Car le temps est venu d'adorer en esprit et en vérité.
De rendre grâces en tous lieux et en tous temps.

Mettons un terme au temps, un autre aux ténèbres extérieures
Et rendons-nous présents au présent,
Ce présent que nous avons en vain poursuivi de nos journées,
Car il était loin de nous au moment où il était.
Le voici devant nos yeux et dans nos coeurs, le présent.
Le feu, c'est le présent qui brûle et brille,
C'est le présent qui prie.

Lanza del Vasto
Communauté de l'Arche
Texte récité chaque soir autour du feu

PRIÈRE

Pèlerins d'Emmaüs

Seigneur Jésus, souviens-toi de cette petite maison
là-bas à Emmaüs, et du bord du chemin qui y conduit
quand on vient de la grand-route.
Souviens-toi de ceux qu'un soir, tu abordas là-bas,
souviens-toi de leurs coeurs abattus,
souviens-toi de tes paroles qui les brûlèrent,
souviens-toi du feu dans l'âtre
auprès duquel vous vous êtes assis,
et d'où ils se relevèrent transformés,
et d'où ils partirent vers les promesses d'amour.

Vois, nous sommes tous pèlerins d'Emmaüs,
nous sommes tous des hommes
qui peinent dans l'obscurité du soir,
las de doutes après les journées méchantes.
Nous sommes tous des coeurs lâches, nous aussi.
Viens sur notre chemin, brûle-nous le coeur à nous aussi.
Entre avec nous t'asseoir à notre feu.
Et qu'exultant de joie triomphale,
à notre tour, nous nous relevions
pour révéler la joie à tout homme au monde
en l'Amour à jamais jusqu'à notre dernier souffle.

Abbé Pierre
Extrait de “Prier. Avril 2009”

Prière d'un enfant hispano-américain.

Seigneur, Toi qui es bon
et qui protèges tous les enfants de la terre
je désire te demander une grande faveur :
transforme-moi en téléviseur.

Pour que mes parents aient soin de moi
comme ils ont soin de lui,
pour qu'ils me regardent avec le même intérêt
que maman pour son feuilleton préféré,
que papa pour le journal télévisé.

Je voudrais parler comme tout présentateur.
Quand il parle, toute la famille fait silence
pour pouvoir l'écouter
avec attention et sans l'interrompre.

Je voudrais sentir sur moi la même préoccupation
qu'ont mes parents quand le téléviseur
ne marche pas,
et qu'ils appellent aussitôt le réparateur.

Je voudrais être un téléviseur
pour être le meilleur ami
de mes parents et leur héros préféré.

Seigneur, s'il te plaît,
transforme-moi en téléviseur,
même seulement pour une journée.

Prière de l'artisan

Apprends-moi, Seigneur,
à bien user du temps que tu me donnes
pour travailler
Et à l'employer sans rien en perdre.

Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées
Sans tomber dans le scrupule qui ronge.

Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter
A imaginer l'œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.

Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur,
La sérénité et la ferveur,
Le zèle et la paix.

Aide-moi au départ de l'ouvrage, là où je suis le plus faible.
Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l'attention.
Et surtout, comble toi-même les vides de mon œuvre.

Seigneur, dans tout labeur de mes mains,
Laisse une grâce de toi pour parler aux autres
Et un défaut de moi pour me parler à moi-même.

Seigneur, ne me laisse pas oublier
Que tout savoir est vain, sauf là où il y a travail,
Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour,
Et que tout amour est creux qui ne me lie à moi-même, et aux autres, et à toi.
Amen.

Prière d'un écolier

Jésus,
Chaque matin je me lève tout joyeux
de savoir que tu es près de moi.
Ta présence me ravigote
comme une bonne tasse de café.

Patrick, 10 ans

 

Simple prière à Notre-Dame

vierge marie saint-pierre genval

Marie, Tu n'es sortie de ton silence
que pour les mots essentiels.
Tu as dit "oui"
et l'humanité changea son cours.
Tu as dit "oui"
"Magnifique est le Seigneur"
Et les louanges changèrent de ton.
Tu as dit
"Faites ce qu'il vous dira":
c'est là ton testament.

Madeleine HULET
Genval , 1918-2005

MON VITRAIL

Ah ! Si j'étais une artiste
Je composerais un vitrail.
Mais je ne suis pas spécialiste

Pour mener à bien ce travail.
Je voudrais essayer quand même
De présenter toute ma vie
Avec ses joies et ses problèmes
Dans les couleurs que j'ai choisies

Le blanc, pour les jours ordinaires.
Le rose pour les jours heureux.
Ensuite, couleur que je préfère.
Pour mes rêves, j'ai gardé le bleu.

Voici le rouge de mes amours.
Le vert de toutes mes espérances
L'orange, pour ma soif d'humour
Le jaune, pour mes extravagances

Mais, je devrai y ajouter
Le gris de toutes mes douleurs
Et puis, le noir… témoin secret
De mes combats et de mes pleurs ;

Brun représente mes détresses.
Mauve nuance tous mes deuils
Beiges sont toutes mes faiblesses
Devant l'épreuve et les écueils.

Alors, il reste à assembler
Ces fragments de mon existence.
En un vitrail très coloré
Tout en lumière et transparence.

Je cimenterai cet ouvrage
Avec de l'or… et j'en déduis
Qu'il est le brillant témoignage
De ma confiance en toi…
La Vie.

Texte anonyme proposé par Andrée Hartmann

EN SILENCE

Au parc de La Hulpe, m'en allant promener, je découvre :

Les perce-neige ont pointé leurs têtes blanches
En silence
Les jonquilles s'éveillent
En silence
Trois forsythias ouvrent leurs pétales
En silence
L'arbre aux pochettes blanches
A suspendu ses boules noires
En silence
Les trois séquoias continuent leur ascension vers le ciel
En silence
Le vénérable chêne de cinq cents ans
Tout dénudé m'accueille
En silence

Tout ce monde végétal
Naît au printemps
Croît en été
Jaunit en automne
Dort en hiver
Renaît au printemps suivant
Et toujours en silence
Je savoure le parfum subtil des fleurs
En silence
Je remercie tous les bienfaits des arbres
En silence
J'admire la beauté de l'infini ciel-terre
En silence
Je bénis le créateur de ce monde
En silence

J'écoute le silence
Il fait partie de la musique
Et j'entends le chant de l'univers.

Marie-Jeanne Qwat
Genval 2008