Liturgie de proximité

Liturgies de proximité.

Messes dans les familles

 

L'eucharistie, c'est le mystère de la rencontre qui peut se réaliser    

jusqu'au coeur de nos vies familiales

Durant les périodes fortes de l'année liturgique, l'Avent et le Carême, nous avions pris l'habitude de célébrer l'eucharistie une fois par semaine, non pas dans l'église paroissiale, mais dans une famille.
L'idée était de sortir de l'église pour aller à la rencontre des gens et célébrer dans une maison, au cœur d'un quartier.

L'Eglise va vers les gens, un peu comme aux premiers siècles.
Elle rejoint les personnes dans leur milieu de vie, qu'elles soient riches ou dans le besoin, malades ou bien portantes…

Le fait de partager l'eucharistie autour de la table familiale, celle où toute la famille prend chaque jour ses repas, est un signe très parlant.

A chaque célébration, on découvre des visages nouveaux.
Ces "messes domestiques" (vient du mot latin domus = maison) permettent à de petites communautés de se regrouper au niveau de chaque quartier, dans divers coins de la paroisse et même parfois au-delà de ses limites.
La physionomie de ces célébrations dépend de la famille qui accueille, des charismes particuliers, de la présence de personnes âgées, de jeunes ou de petits enfants…

Ils apportent tous leur note d'originalité et de nouveauté.

On peut vivre les choses avec plus de simplicité et être moins attachés aux rites.
On partage des préoccupations plus proches de la vie de chacun.

Regroupés autour de la table familiale, on peut rejoindre ce qui faisait la base même de la dernière cène : se rassembler autour d'un repas pour célébrer le mystère d'une rencontre.
Par ces eucharisties domestiques, l'Eglise va vers les gens !

Celles des premiers chrétiens, dans des maisons privées ou dans les catacombes… et, aujourd'hui encore, celles des  Eglises du silence…

Celle – interrompue tragiquement - de Monseigneur Oscar ROMERO assassiné le 24 mars 1980 pendant la messe qu'il célébrait. Lui qui était descendu chez les pauvres de son pays pour écouter leurs cris et leurs peines, dénoncer et lutter contre les injustices.

Celle, plus récemment, du Père Jacques HAMEL, assassiné le 26 juillet 2016, à 9 h 43, au cours de la célébration de la messe du matin dans l'église de son village. Des représentants de la communauté juive et de la communauté musulmane, dont Bachar El Sayadi, président de l'Union des musulmans de Rouen, ont assisté à ses obsèques. Ce fait exceptionnel a été salué par l'archevêque de Rouen.

Il faut mentionner les célébrations faites - en cachette - au prix de leur vie dans l'enfer des camps de concentration.
Les prisonniers broyaient quelques grains de blé rapportés du travail et le prêtre les consacrait et les distribuait en l'espace de quelques minutes…

Et que dire de "la messe sur le monde" du Père Pierre Teilhard de Chardin perdu dans les steppes d'Asie où il n'avait ni pain, ni vin, ni autel. S'élevant au-dessus des symboles, il avait offert sur l'autel de la terre entière, le travail et la peine du monde. « Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d'une âme largement ouverte à toutes les forces qui, dans un instant, vont s'élever de tous les points du Globe et converger vers l'Esprit. » ( La Messe sur le Monde », Seuil)

Nous pouvons aussi rejoindre intérieurement celles qui sont vécues

•  dans les prisons,

•  dans des pays lointains,

•  sur tous les chemins du monde,

•  dans toutes les langues,

•  selon d'autres rites,

mais toujours avec la même foi au Christ ressuscité.

 

Paul SPIES